La nouvelle saison d’opéra débute ce week-end en dépit de la crise sanitaire
En dépit de la situation sanitaire qui pèse sur l’organisation des événements, l’Opéra de Prague lance sa nouvelle saison ce dimanche. Un programme chargé est proposé cette année pour relancer le secteur de la culture après la crise.
Avec huit nouvelles productions et autant de premières, cela faisait longtemps que la l’Opéra de Prague n’avait pas présenté un tel volume. C’est avec un programme ambitieux que l’Opéra démarre sa nouvelle saison ce dimanche, en même temps que la relance de l’activité culturelle, à l’arrêt depuis plusieurs mois. Ce programme a été établi par Per Boye Hansen, directeur artistique de l’Opéra de Prague depuis un an, et se répartit sur les trois différentes scènes où se jouent les opéras dans la capitale tchèque : le Théâtre National, l’Opéra d’Etat et le Théâtre des Etats. Des lieux historiques et singuliers auxquels ce Norvégien d’origine tient à donner une identité précise :
« Le Théâtre National, c’est un peu notre chapelle dorée pour l’héritage tchèque. Nous allons y jouer de nombreux morceaux tchèques. Ce bâtiment est parfait pour rendre accessible la tradition tchèque mais aussi l’opéra en général. A l’Opéra d’Etat, nous allons présenter des œuvres de la grande période romantique (Wagner, Puccini, Verdi…) tout en apportant des œuvres plus modernes. Enfin, au Théâtre des Etats, nous allons nous concentrer sur l’œuvre de Mozart cette saison en commençant par ‘Don Giovanni’ puis avec ‘Cosi fan tutte’ et ‘Les noces de Figaro’. Ce sera un travail à long terme pour donner à chaque établissement sa propre identité, son propre profil. »
Un programme riche qui, même s’il a donné des maux de tête à l’équipe en charge de sa préparation, n’a nécessité que peu de modifications malgré le contexte sanitaire, comme l’explique Per Boye Hansen :
« Nous avons pu conserver la quasi-intégralité de notre programme. Bien sûr, certaines œuvres ont dû être remplacées juste avant le début de la saison. D’autres, comme ‘Schwanda, le joueur de cornemuse’ (Jaromír Weinberger), dont la première était censée se tenir en mai dernier, ont été repoussées au printemps prochain. Mais cela offre aussi des opportunités. Nous allons jouer ‘Tosca’ (Giacomo Puccini) avec la scénographie du Tchèque Josef Svoboda, qui aurait eu 100 ans cette année. C’est donc l’occasion de célébrer son anniversaire en rendant hommage à son extraordinaire travail. Nous faisons également quelques changements au Théâtre National. Nous avons aussi choisi de dédier le mois de septembre au ‘Big Four’ des compositeurs tchèques : (Bedřich) Smetana, (Antonín) Dvořák, (Leoš) Janáček et (Bohuslav) Martinů. »
Si les conditions le permettent, l’Opéra proposera une quarantaine de morceaux au fil de la saison et va effectuer jusqu’à vingt représentations par mois. En attendant de découvrir, ou de redécouvrir, ces grands classiques de l’opéra, la saison s’ouvre avec la première représentation d’une série intitulée ‘Musica non grata’ et qui doit s’étaler sur les quatre prochaines années :
« Nous présentons avec ‘Musica non grata’ des compositeurs persécutés par les nazis. Les travaux, dont ceux de Kaprálová, Martinů ou Zemlinsky, ont principalement été réalisés entre les deux guerres mondiales, à une époque où Prague occupait une place majeure dans le monde de l’opéra. Nous pouvons montrer au public ces magnifiques trésors qui font partie de la tradition tchèque de l’opéra. »
Si le calendrier est rempli, la question est désormais de savoir si les gradins le seront également. Avec la crise sanitaire, un climat de défiance pèse autour des grands rassemblements, comme dans les salles de concerts. Per Boye Hansen reste tout de même optimiste :
« Pour l’instant, la situation sanitaire n’est pas sûre alors les gens sont un peu réticents à l’idée de venir. J’espère que nous arriverons à capter leur attention, que la qualité des performances arrivera jusqu’à leurs oreilles, qu’ils seront convaincus de revenir quand ils sauront qu’on joue un opéra de haut niveau. Je pense que la culture manque aux gens. La connexion entre les spectateurs et les musiciens est extrêmement importante. Le streaming, le digital ou les enregistrements ne remplacent pas la performance en réel. »
Un optimisme mis à l’épreuve par les restrictions gouvernementales pour les grands rassemblements. Le masque est obligatoire dans les salles de spectacle et seules restent autorisées 500 personnes dans les lieux fermés. Même si dans les lieux où la capacité d’accueil est plus importante, comme dans les salles de concert, un public plus nombreux est autorisé, à condition que les spectateurs soient répartis dans différents secteurs ou différentes tribunes, le concert d’ouverture affiche environ un quart de ses places encore disponibles, soit plus de 200 sièges libres.