L’Opéra d’Etat fait peau neuve

Photo: ČTK / Vít Šimánek
0:00
/
0:00

C’est par une grande soirée de gala qu’a officiellement rouvert ses portes, dimanche soir, l’Opéra d’Etat de Prague, trois ans après sa fermeture pour d’importants travaux de restauration. La soirée était organisée 132 ans jour pour jour après la première représentation de ce qui était alors le nouveau Théâtre allemand.

Photo: ČTK / Vít Šimánek

C’est par l’ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner qu’a été solennellement inaugurée la soirée de gala de l’Opéra d’Etat, sous la direction du chef d’orchestre allemand Karl-Heinz Steffens, nommé l’an dernier directeur musical de cette institution pragoise à l’histoire plus que centenaire.

Tout au long de la soirée se sont succédé sur la toute nouvelle scène de l’Opéra d’Etat de grands noms de l’art lyrique tchèque et étranger, comme le ténor Pavel Černoch, la soprano Eva Urbanová ou sa jeune collègue norvégienne Lise Davidsen, pour interpréter des œuvres de Mozart, Richard Strauss, Bedřich Smetana ou encore Bohuslav Martinů. Le concert était ponctué d’intermèdes sous forme de projection d’un film d’Alice Nellis, retraçant l’histoire du bâtiment.

Jan Burian,  photo: Martina Schneibergová
Les travaux engagés il y a trois ans avaient pour but de redonner à ce dernier son lustre d’antan, lorsque ce qui était encore le nouveau Théâtre allemand fut inauguré en 1888. Originellement estimé pour une somme totale de 900 millions de couronnes, le budget a été réévalué en cours de route pour atteindre 1,3 milliard de couronnes. En cause, la nécessité de moderniser encore davantage les lieux, selon le directeur Jan Burian :

« Nous sommes parvenus, même si difficilement, à intégrer les technologies du XXIe siècle dans un bâtiment du XIXe siècle. Cela va avoir un impact positif sur toutes les mises en scène. Le plus compliqué, ça a été avec la plaque tournante de la scène : nous pensions à l’origine que la réparer serait suffisant, mais en fait, elle a été entièrement remplacée. »

Foto: ČTK / Michal Kamaryt
Des papiers peints remplacés par du tissu mural aux nouveaux sièges, des dorures à la modernisation de l’éclairage, c’est un ravalement complet, tant dans la salle de concert qu’en coulisses, qui a été effectué à l’Opéra d’Etat dont l’histoire a été marquée par les soubresauts du XXe siècle.

Créée à l’origine à destination des Allemands de Prague, l’institution attire les plus grands de son temps : Gustav Mahler, Richard Strauss, Enrique Caruso… Lorsque la Tchécoslovaquie est occupée par les nazis à partir de 1939, le bâtiment est rebaptisé Deustches Opernhaus et accueille bien plus souvent les rassemblements du NSDAP que des concerts. La fin de la guerre change la donne et un groupe de jeunes artistes tchécoslovaques s’efforce d’en faire une scène avant-gardiste pour faire concurrence au Théâtre national, réputé plus conservateur, comme le rappelle Marie Hradecká, en charge des archives de l’Opéra d’Etat :

Foto: ČTK / Vít Šimánek
« Ils ont monté l’opéra Les Brandebourgeois en Bohême (de Bedřich Smetana, ndlr) qui a été joué sur une scène en forme de croix gammée. A l’époque, c’était novateur et tout à fait différent de la façon de jouer cette pièce au Théâtre national. »

L’arrivée au pouvoir du régime communiste conduit à la fusion de cette scène lyrique avec le Théâtre national. Le retour de la démocratie en 1989 signifiera l’indépendance retrouvée de l’Opéra d’Etat, une autonomie de relative courte de durée avant une nouvelle fusion avec le Théâtre national en 2011.

Aujourd’hui, l’Opéra d’Etat s’apprête donc à accueillir à nouveau les amateurs d’art lyrique, et ce dès le 9 janvier prochain, avec Fidelio, de Beethoven, pour sa première mise en scène publique. L’occasion également de découvrir la réplique du rideau d’origine d’Eduard Veith qui s’est mystérieusement volatilisé en 1945. Plus de mille heures de travail ont été nécessaires afin de réaliser ce nouveau rideau, sur la foi d’une seule et unique photographie noir et blanc qui donne une idée de ce qu’était l’œuvre disparue.

Photo: ČTK / Michal Kamaryt