Mairie de Prague : une coalition et un nouveau maire dont les Pragois ne veulent pas
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant et à l’intérieur de la mairie de Prague mardi, jour prévu de l’élection du nouveau maire. Les manifestants ont protesté contre l’accord de coalition conclu entre le Parti civique démocrate (ODS) et le Parti social-démocrate (ČSSD), les deux principales formations politiques de droite et de gauche du pays. Chahutée par une partie des manifestants entrés dans la salle, la séance du conseil municipal devant permettre l’élection du maire a dû être reportée à plusieurs reprises.
« C’est une honte » et « c’est une cochonnerie » : tels sont deux des principaux slogans qui revenaient dans la bouche des manifestants qui, malgré le froid et la neige, ont suivi sur le grand écran installé devant l’entrée de la mairie la retransmission de la séance du conseil municipal.
« Prague ne veut pas de Svoboda. Prague veut le parti TOP 09 qui a remporté les élections » : un autre manifestant résume en quelques mots la raison de son mécontentement.En octobre dernier, c’est en effet TOP 09, l’autre principal parti de droite du pays avec l’ODS, qui avait remporté le scrutin à Prague. Mais après plusieurs semaines de vaines négociations, ce sont les partis arrivés en deuxième et troisième position, l’ODS et le ČSSD, qui, malgré leur rivalité, sont parvenus à un accord pour former une coalition, renvoyant ainsi TOP 09 dans les rangs de l’opposition.
Pour beaucoup de Pragois, qui souhaitaient de profonds changements à la direction de la municipalité après de longues années de suprématie ODS, cette coalition « gauche-droite » contre nature, que certains présentent comme un « cartel de corruption », est une pilule qui ne passe pas. C’est pourquoi, parallèlement aux manifestations, plus de 22 000 personnes ont également signé une pétition traduisant leur ras-le-bol des manoeuvres en coulisses auxquelles sont rompus leurs représentants politiques et leurs craintes que rien ne change dans les mœurs et pratiques en cours à la mairie de Prague.Mardi matin, ce ras-le-bol s’est donc transformé en colère. Mais le probable futur maire de Prague, Bohuslav Svoboda, estimait que les manifestants étaient allés trop loin :
« Ce à quoi nous assistons, ce n’est pas la démocratie. La démocratie, c’est autre chose. Cela sous-entend respecter les lois démocratiques et négocier civilement. Protester est bien entendu un droit constitutionnel que possède chaque citoyen. Mais le devoir du citoyen est aussi de se comporter de façon civile. Je ne peux pas accepter les vulgarités et les insultes qui m’ont été proférées. Je n’arrive pas à la tête de la mairie parce que je suis corrompu ou parce que je veux gagner de l’argent. »A 14 heures, la séance du conseil municipal avait toutefois enfin pu débuter. Le calme était revenu, seuls quatre-vingt-dix manifestants ayant été autorisés à assister aux débats.