Les réactions à la nouvelle coalition à la mairie de Prague dans lapresse sont souvent négatives

Photo: CTK

Ces temps derniers, peu d’événements sur la scène politique tchèque ont eu un retentissement comparable à celui provoqué par la décision des deux principaux partis politiques, le Parti civique démocrate (ODS) et le Parti social-démocrate (CSSD), de former à la mairie de Prague une grande coalition. Nous avons retenu quelques unes des réactions.

Photo: CTK
Pour la première fois, les Pragois ont donné lors de ces élections la priorité à une autre formation qu’au parti ODS, très solidement ancré à Prague depuis le début de sa création au début des années 1990. Les habitants de la capitale, considérée comme le bastion de la droite, ont encore une fois voté « à droite », mais ils ont clairement montré qu’ils souhaitaient un changement en donnant la majorité des voix au parti TOP 09, à la tête duquel se trouve Karel Schwarzenberg. Aux yeux des Pragois, trop d’affaires ou de soupçons de corruption, trop de rapports de clientélisme étaient liés à la précédente direction municipale de Prague. Une forte désillusion est pourtant venue ce mardi, lorsque l’ODS et le CSSD, en deuxième et troisième positions, ont annoncé leur décision de se partager de nouveau le pouvoir. Une façon d’éliminer le parti sorti vainqueur des élections municipales à Prague, TOP 09.

Que signifie cette nouvelle ?, s’interroge un article paru sur aktualne.cz, un des serveurs les plus lus en République tchèque, en donnant plusieurs réponses à cette question, dont nous avons choisi quelques extraits que voici :

« Après la création de la coalition entre l’ODS et le CSSD, les électeurs mécontents seront plus mécontents encore qu’avant les élections… On peut supposer que les deux partis ont complètement perdu leur instinct de conservation. »

Karel Schwarzenberg et Zdeněk Tůma,  photo: CTK
Cette année 2010 est une année électorale par excellence en République tchèque. Il y a d’abord eu, en mai dernier, les élections législatives, suivie en ce mois d’octobre d’élections municipales et sénatoriales partielles. Dans ce contexte, le serveur aktualne.cz signale :

« Toutes ces élections ont donné une occasion unique de renouveler la confiance du public envers la politique et les hommes politiques. De ce point de vue, la coalition qui a été conclue à Prague signifie une douche froide pour les électeurs ».

Il fait aussi remarquer que ce pacte a « ridiculisé » les leaders des deux partis concernés, Petr Nečas et Bohuslav Sobotka, car ils l’ont eux-mêmes désapprouvé. La position de ce dernier qui n’est d’ailleurs que le chef intérimaire du Parti social-démocrate, en attendant la tenue de son prochain congrès dans quelques mois, se voit ainsi considérablement affaiblie.

L’auteur de l’article estime que la tension entre les deux partis de droite, ODS et TOP 09, risque de s’étendre du niveau régional et municipal au niveau du cabinet, ces deux partis formant avec le parti Affaires publiques, la coalition gouvernementale.

Václav Havel
La création de la coalition à la mairie de Prague entre l’ODS et le CSSD a eu un retentissement, aussi, pendant la journée de la fête nationale du 17 novembre. L’ex-président tchèque Václav Havel qui espérait, d’après ses propres mots, que le parti TOP 09, vainqueur des élections, allait « aérer » la situation à la mairie a déclaré, nous citons :

« Je dénonce cette entente. Il me semble que tout avait été comploté à l’avance et que l’on pouvait s’y attendre ».

Rappelons que le jour anniversaire du commencement de la révolution de velours, près de 2 000 personnes se sont réunies au centre de Prague, sur la place Venceslas, pour protester contre le partage du pouvoir à la mairie de Prague qui ne répond pas aux résultats des élections municipales.

Václav Klaus,  photo: CTK
Le président Václav Klaus quant à lui estime que l’entente entre l’ODS et le CSSD à Prague est raisonnable. Dans une interview accordée au journal Pravo, il affirme qu’« il ne s’agit pas d’une situation extraordinaire, car des coalitions similaires ont été conclues à beaucoup d’autres endroits du pays ».

Dans l’édition de mercredi de ce même journal, le politologue Jiří Pehe écrit :

« La formation d’une coalition entre l’ODS et le CSSD à la mairie de Prague est une démarche cynique qui est visiblement motivée plus par la volonté de contrôler même à l’avenir les commandes douteuses pour des milliards de couronnes, que par le souci de Prague. Tout ceci pourrait avoir un très gros impact sur l’orientation future de la politique tchèque ».

Selon le jeune économiste Tomáš Sedláček qui commente les derniers événements dans les pages du quotidien Hospodářské noviny, « seul un politique professionnel cynique peut se réjouir de la formation de cette coalition, un cynique dépourvu de tout idéalisme ».