Tomáš Berdych enfin sur la pente ascendante
Battu par Rafael Nadal, vendredi, à Londres, Tomáš Berdych a achevé sur une défaite sa première participation aux Masters. Son absence en demi-finales d’un tournoi finalement remporté par Roger Federer ne doit cependant pas faire oublier que le n° 1 tchèque et n° 6 mondial a réalisé en 2010 la meilleure saison de sa carrière.
Pour donner un nouvel élan à sa carrière, il fallait donc d’abord que Tomáš Berdych progresse sur le plan mental. Et c’est précisément ce à quoi il semble parvenu cette saison. Plus calme sur le court, plus patient dans l’échange, en un mot plus mâture à 25 ans, Tomáš Berdych a essentiellement gagné en constance et en régularité, et ce même si sa seconde moitié de saison, nettement moins brillante que la première, laisse à penser que sa marge de progression dans ce domaine précis reste encore importante. Malgré ce bémol, il semble être désormais suffisamment armé pour rivaliser sur la durée avec les tout meilleurs.
Les huit meilleurs joueurs de la saison écoulée, le Tchèque les a justement retrouvés la semaine dernière à Londres lors des Masters, récemment rebaptisés Finales de l’ATP World Tour. Placé dans le groupe A, Tomáš Berdych a successivement affronté le Serbe Novak Djokovic, l’Américain Andy Roddick et l’Espagnol Rafael Nadal pour un bilan final d’une victoire (contre Roddick) et de deux défaites. Malgré une entame de tournoi ratée contre Djokovic, Berdych, mois nerveux par la suite, a conservé une chance de qualification pour les demi-finales jusqu’à son troisième et dernier match contre Nadal, et même jusqu’au décisif de la première manche de celui-ci. Le numéro un mondial s’est toutefois avéré une nouvelle fois trop fort pour lui et s’est imposé en deux sets (7-6, 6-1), comme le regrettait Tomáš Berdych à la sortie du court :
« Il m’a encore manqué pas mal de choses, même si le premier set a été très équilibré, ça ne s’est joué qu’à quelques points. Je peux peut-être regretter les deux balles de break dont je n’ai pas su profiter juste après en avoir effacé moi-même deux sur mon propre service. Si j’avais fait le break, le premier set aurait pu prendre la même tournure que le premier set de mon match précédent remporté contre Roddick. C’est vrai qu’avec le gain du premier set, la situation m’aurait été plus favorable. Mais je n’y suis pas parvenu, et dans la deuxième manche Nadal a encore élevé son niveau de jeu. Il a fait un match très solide, comme il en a l’habitude, et il a mérité sa victoire. »Si Rafael Nadal a mérité sa victoire, Tomáš Berdych n’a, lui, pas démérité contre l’Espagnol, même si le score de la deuxième manche (6-1 en faveur de Nadal) pourrait faire penser le contraire :
« Le score final ne reflète pas tout à fait le déroulement du match. Tout s’est joué dans le premier set. Cela avait été la même chose contre Roddick, mais en ma faveur cette fois. En général, celui qui gagne le premier set dans ce genre de matchs prend un ascendant psychologique, surtout s’il réussit à faire rapidement le break au début de la deuxième manche, comme Nadal contre moi. Cela est alors devenu plus facile pour lui. Après le match, je suis forcément déçu, mais dans l’ensemble la saison a été bonne. En tous les je n’en avais pas réalisée de meilleure jusqu’à présent, et c’est ce qui prévaut au moment du bilan. »Positif avec notamment sa première finale dans un tournoi du Grand Chelem et sa participation aux Masters, auxquels s’ajoute encore un titre décroché à Miami (anciennement Key Biscayne) dans un des plus importants tournois du calendrier, le bilan l’est assurément. Il aurait cependant pu l’être encore un peu plus si Tomáš Berdych avait réussi une seconde moitié de saison plus convaincante. Car après Wimbledon, le Tchèque a eu toutes les peines du monde à aligner deux victoires d’affilée dans le moindre tournoi. Le capitaine de l’équipe tchèque de Coupe Davis, Jaroslav Navratil, qui est aussi son ancien entraîneur, voit dans son absence des courts en plein été un facteur d’explication à la baisse de ses résultats :
« Je pense que faire une pause de cinq semaines après Wimbledon n’a pas été une très bonne décision. Lorsqu’un joueur est en très grande forme et euphorique, comme Tomáš l’était à ce moment de la saison, et que les autres joueurs le respectent et le redoutent même, il faut continuer à jouer pour enchaîner les bons résultats. Faire une pause aussi longue lui a fait perdre le rythme tandis que les autres étaient mieux préparés lorsqu’il est revenu. »
Eliminé dès le premier tour de l’US Open, incapable de se montrer décisif lors de la demi-finale de Coupe Davis contre la Serbie à Belgrade quelques semaines plus tard, Tomáš Berdych aurait donc pu faire mieux à l’automne et peut même presque s’estimer heureux de ne pas avoir finalement raté les Masters. Ceux-ci ont néanmoins confirmé que son printemps et son début d’été derniers n’ont sans doute pas été qu’un feu de paille et qu’il faudra probablement de nouveau compter sur Berdych en 2011.