Sommet européen : Nečas soutient indirectement Sarkozy sur les Roms
Premier Conseil européen pour le premier ministre tchèque : lors d’une visite de trois jours au cours de laquelle il a rencontré différents responsables européens, Petr Nečas a indirectement soutenu Nicolas Sarkozy dans sa politique d’expulsion des Roms.
« Je suis convaincu que même un pays membre de l’UE a le droit, lorsqu’un citoyen d’un autre pays membre séjourne sur son territoire, d’exiger que celui-ci suive des études, travaille ou puisse prouver qu’il dispose de moyens financiers suffisants pour subvenir à ses besoins. Ce pays membre a le droit d’exiger que ses propres lois soient respectées. »
Si Petr Nečas a omis de se prononcer sur le fond du différend entre José Manuel Barroso et Nicolas Sarkozy, à savoir l’accusation de discrimination sur base de l’origine ethnique, il a cependant ajouté que cela avait permis à l’UE de se rendre compte que « ce problème ne concernait pas seulement les nouveaux Etats membres ». Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a quant à lui annoncé la tenue prochaine d’un sommet européen spécifique sur les Roms.Outre le sommet proprement dit qui n’est parvenu à aucune avancée concrète, Petr Nečas a mené une visite de trois jours à Bruxelles. La République tchèque n’avait plus été représentée par un gouvernement élu depuis mars 2009 lors de la chute du gouvernement de Mirek Topolánek. Pendant cette période, les déclarations eurosceptiques du président Klaus ont eu davantage de poids, ce qui a affaibli l’influence du pays à Bruxelles. L’objectif était donc de montrer que la République tchèque désirait redevenir un partenaire actif :
« Je tiens à souligner que le gouvernement tchèque sera actif dans l'Union européenne, que ce gouvernement n’aura pas la volonté de troubler les débats mais sera au contraire désireux de coopérer, tout en gardant à l’esprit la défense des intérêts de nos citoyens et de notre économie ».Concrètement, le premier ministre tchèque a donc détaillé certaines de ses positions sur les dossiers chauds au niveau européen, comme la question du renforcement du pacte de stabilité qui fixe les règles budgétaires de la zone euro. Lors d’une rencontre mercredi avec le Commissaires aux affaires économiques et monétaires Olli Rehn, Petr Nečas s’est prononcé en faveur d’un renforcement de ce pacte. Selon lui, les sanctions devraient être « automatiques », et ce pour éviter les travers du système actuel, qui veut que les Etats au Conseil décident de l’application des sanctions, ce qui a abouti dans le passé à ne pas les appliquer. Olli Rehn a lui aussi déclaré qu’il favorisait un tel mécanisme.
Sur le contenu des sanctions, thème qui divise fortement les Etats, Petr Nečas a déclaré qu’il ne serait pas contre une suspension éventuelle des aides régionales ou agricoles. En revanche, il a refusé la proposition franco-allemande de suspendre les droits de vote d’un Etat au Conseil. Il s’explique :« Je suis convaincu que les Etats membres doivent se voir garantis certains droits minimaux, ce qui signifie qu’on ne doit pas les empêcher de voter au sein de l’UE. Après tout, si j’exagère avec une comparaison de la vie de tous les jours : lorsque nous sommes endettés, nous ne sommes pas privés de nos droits fondamentaux, comme le droit de vote aux élections ».
Les propositions européennes sur ce point devraient être connues à la fin du mois. Autre rencontre, autre thème abordé : le président de la Commission européenne et le président du Conseil européen ont assuré la République tchèque de leur soutien contre l’application du régime de visas imposé aux Tchèques par le gouvernement canadien. Enfin, avec le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, le premier ministre tchèque a rappelé son engagement atlantiste en promettant un renforcement des troupes tchèques en Afghanistan, moyennant un rapatriement des soldats tchèques engagés au Kosovo. Aucune décision n’a toutefois pour le moment été prise et un débat sur la question doit avoir lieu prochainement au Parlement tchèque.