Plzen sera la capitale européenne de la culture 2015
Fini le suspens. C’est la ville de Plzen et non la ville d’Ostrava qui portera en République tchèque le titre de capitale européenne 2015. Nous avons été présents, mercredi après-midi, au ministère de la Culture, lorsque le verdict est tombé.
« Nous sommes très très heureux, parce qu’on a fait énormément d’efforts, comme jamais auparavant et la ville de Plzen a trouvé un dynamisme extraordinaire au cours des derniers mois. Je dois dire que l’équipe qui s’est créée autour de ce projet est très forte et je suis sûre que la décision est très très bonne pour la ville, pour toute la région et aussi pour la République tchèque ».
Vous avez derrière vous un travail énorme, vous avez un plus grand travail encore, devant vous, jusqu’à 2015…
« Bien sûr, puisque c’est un processus, c’est quelque chose qu’il faut développer lentement, avec la participation du public, mais aussi au niveau européen. Je suis vraiment ravie qu’on peut commencer tout de suite et qu’on peut développer la coopération avec la ville de Mons, capitale belge de la culture 2015. On va développer les choses le mieux possible et j’espère que nous allons aussi coopérer avec les villes qui vont venir. C’est Marseille qui nous a énormément inspiré, ainsi que d’autres villes »Quels sont les points forts de votre projet qui auraient particulièrement séduit le jury ?
« Je pense que ce qui était le plus fort, c’était notre vision du monde, un monde plus humain, plus ouvert. Un monde qui laisse un peu à côté les valeurs matérielles et qui met l’accent sur les choses qui sont nécessaires pour le développement de la société, c’est notre cœur, ce sont nos émotions, ce sont donc les valeurs qui sont complètement différentes des aspects de la consommation, des choses commerciales etc. On a travaillé avec des penseurs, des historiens, des philosophes et on va sûrement inviter dans le projet les personnalités comme Kundera, Rupnik, Havel. On veut créer aussi un monde de pensées fortes ».Quelle coopération avec la ville de Mons envisagez-vous ?
« Nous avons plusieurs formes de coopération. Au niveau de la programmation, un collègue belge sera membre de notre comité artistique, on va donc créer des projets artistiques ensemble, mais on veut aussi coopérer sur la communication et l’évaluation. Les technologies et les arts, voilà le sujet que l’on a mis aussi dans notre projet, il y a en effet beaucoup de possibilités ».
Vous êtes parfaitement francophone. Est-ce que la francophonie sera mise en valeur dans votre projet ?
« Bien sûr, parce que la francophonie fait partie de Plzen, on y trouve une Alliance française qui y fonctionne depuis de longues années. On est là et on est prêt ».
Vous n’avez connu le verdict qu’au moment où il a été prononcé, n’est-ce pas ?
« Vous ne pouvez pas imaginer la tension de toute l’équipe et en même temps l’enthousiasme qui a créé l’atmosphère très forte, pour notre présentation et aussi pour toutes les questions auxquelles nous avons dû répondre ».Située à près de 100 km de Prague, Plzen est le chef-lieu de la Bohême occidentale. Connue notamment comme une « ville de la bière » qui a donné son nom à une des marques mondialement reconnue, elle veut désormais s’imposer, aussi, comme une ville de culture et de création, comme une ville ouverte à l’Europe. « Plzen, open up » est d’ailleurs le slogan qu’elle a choisi pour sa candidature.
Choisir l’un des deux candidats tchèques qui se joindra à la ville belge de Mons qui avait déjà été sélectionnée auparavant, semble avoir pourtant été difficile. Le résultat très serré, six voix contre cinq, en est une preuve. C’est ce que nous a confirmé Mme Olga Poivre d’Arvor, membre du jury international.
« Cette fois-ci, c’était vraiment très très difficile, parce que les deux villes avaient la candidature absolument parfaite, chaque ville étant différente, dans un contexte différent, de différente taille, mais ayant un projet fantastique. Ostrava et Plzen aussi. Et puis, dans les décisions de ce genre, il faut s’en tenir aux critères de l’Union européenne et nous avons travaillé d’une manière pragmatique, c’est-à-dire, nous avons observé les critères et le candidat qui était plus près ou plus loin du but qui a été dit. «
Quels sont d’après vous les principaux atouts du projet de la ville de Plzen qui a gagné ?
« C’est aussi, entre autres, l’ouverture et la dimension européenne qui parfois est très mal comprise par les candidats pour la ville européenne de la culture. Il y a parfois des malentendus dans l’interprétation de cette dimension. Peut-être c’est là, mais il y a d’autres points où l’équipe de Plzen était plus près des critères. »
Est-ce que la visite des deux villes a pu jouer finalement, aussi, un certain rôle ?
« Certainement, parce que ça nous a donné une idée claire, nous avons visité les lieux, nous avons fait connaissance des équipes ce qui est déterminant pour la réussite d’un projet de cette ampleur ».
Que signifiera ce titre pour la ville de Plzen ?« Je pense que cela leur donnera encore de l’énergie et de l’enthousiasme qui est déjà là, mais l’énergie va croître et puis, ça leur aidera à s’ouvrir davantage, parce qu’ils ont des projets qui vont dans ce sens là. Pour la ville qui reçoit ce titre, c’est toujours encourageant. Et c’est le point de départ seulement. Et le reste, c’est à faire. Et puis, c’est une autre question, parce que la Commission européenne suit de près le travail de la ville qui obtient le titre. Donc, ce n’est que le début, maintenant. »
Le verdict rendu par le jury international ne demeure toutefois qu’une simple recommandation communiquée au ministre de la Culture. A lui par la suite de faire part de sa décision définitive à l’Union européenne. Ceci dit, comme M. Robert Scott l’a rappelé à Prague, il n’est encore jamais arrivé dans le passé qu’un ministre ne respecte pas cette recommandation… A Plzen donc de jubiler.