Une campagne électorale coup-de-poing
Déjà agressive dans sa forme et ses modes d’expression, la campagne qui précède les élections législatives des 28 et 29 mai prochains l’est également devenue physiquement. Plusieurs incidents ont en effet émaillé des meetings du Parti social-démocrate (ČSSD) cette semaine. Cette escalade de la violence a atteint son summum mercredi à Brno, où Bohuslav Sobotka, le vice-président de la principale formation de gauche du pays, a été agressé par un homme en état d’ébriété. Un acte condamné par l’ensemble de la classe politique mais qui ne fait pas oublier pour autant que ce sont les têtes d’affiche des partis eux-mêmes qui sont les premiers responsables de cette montée de la tension.
« Ce geste est une manière de répondre à la montée de l’agressivité à laquelle nous assistons depuis le début de la campagne. Il suffit de lire les journaux pour s’en rendre compte. Les partis politiques ne communiquent pas sur leurs programmes, ils se contentent de critiquer et d’attaquer de façon très agressive les autres partis. Et c’est cette agressivité qui entraîne les réactions dont nous sommes actuellement témoins. Je ne pense pas que cette agressivité des gens tombe du ciel. Cela n’enlève cependant rien au fait qu’elle est tout à fait inacceptable et que je la condamne. »
Pour la majorité des adversaires de la social-démocratie, principale formation de gauche du pays qui figure ces derniers mois régulièrement en tête des sondages préélectoraux, la principale responsable de cette montée de l’agressivité est la social-démocratie elle-même, comme l’a regretté Petr Nečas, leader du Parti civique démocrate (ODS) :
« Ce mercredi soir, personne, pas même la social-démocratie, ne sait rien des motivations de l’agresseur. Malgré cela, le Parti social-démocrate a déjà trouvé le temps pour accuser tous ses adversaires politiques et tout le monde, y compris les médias. Je suis convaincu que l’incident d’aujourd’hui ne doit pas être l’occasion de gestes et manifestations politiques vides de sens. Mais je tiens aussi à rappeler que cette agressivité avec tous les coups bas et toutes les attaques personnelles qu’elle porte en elle ont été amenées dans cette campagne par la social-démocratie. » De son côté, la social-démocratie, par la voix de son leader très controversé Jiří Paroubek, a réagi en affirmant que cette agression était une attaque contre la démocratie et la liberté dans le pays. Mais il a surtout mis de l’huile sur le feu en assurant que son parti faisait l’objet d’une campagne de haine menée par les médias de droite et le Parti civique démocrate. Dans ces conditions, difficile donc, à trois semaines du scrutin, d’imaginer la tension retomber.