Projet de quotas critiqué et scandale privé pour Michael Kocáb
La même semaine que la journée internationale de la femme, le ministre des droits de l’homme et des minorités Michael Kocáb a proposé un amendement à la loi électorale pour imposer plus de femmes candidates lors des élections. Mais le débat sur la parité hommes-femmes en politique est loin de passionner autant le monde des médias que des affaires d’ordre privé révélées parallèlement cette semaine dans la presse à scandale. Le ministre a même proposé sa démission, refusée ce jeudi par le chef du gouvernement.
30 % de femmes au moins sur les listes et une parité absolue pour chaque tête de liste, où les deux premiers candidats devraient être à chaque fois un homme et une femme : ce sont les propositions de Michael Kocáb pour cet amendement à la loi électorale que le ministre était chargé de préparer à la demande du gouvernement. L’idée de quota et même celle des 30% n’était pas nouvelle, mentionnée déjà par le ministre de l’Intérieur en novembre dernier, mais Michael Kocáb y aurait ajouté la condition sur les têtes de liste. Pour Anna Čurdová, députée du parti social-démocrate, ces conditions ne vont pas assez loin :
« J’estime qu’il faut que ce soit une combinaison de plusieurs démarches. Je ne parlerais pas de quotas, parce qu’ils ont déjà vécu. Je parlerais de parité parce que les partis politiques doivent représenter l’opinion de tous les citoyens et les femmes représentent 50% de la société. »
Certains partis politiques, et notamment le parti social-démocrate, ont instauré un système interne de quotas, mais n’arrivent pourtant pas à le respecter. La vice-présidente la chambre des députés Miroslava Němcová, du parti civique démocrate, est également sceptique :
« Cette idée ne me plaît pas. Non pas que je ne désire pas qu’il y ait plus de femmes en politique, au contraire, mais pas de cette façon. J’ai du mal à imaginer comment cela fonctionnerait concrètement. Je considère ces quotas comme des outils artificiels. Je comprends qu’il faille amener plus de femmes à la politique, mais plus d’hommes aussi, et je pense que le système qu’offre le ministre Kocáb entraînerait une situation où viendraient en politique des hockeyeurs et des mannequins, alors qu’il faut des gens qui ont des choses à dire, et qui ont connaissance de ce qui se passe dans la société. »Statistiquement, la République tchèque est classée en soixante-seizième position sur 189 pays concernant la représentation des femmes dans leurs parlements nationaux. Mais le débat en République tchèque reste peu animé, notamment parce que la proposition d’amendement à la loi électorale de Michael Kocáb ne concerne pas les prochaines élections législatives et ne serait appliquée qu’en 2013.
Ce sont en réalité plutôt les frasques de la vie privée du ministre qui ont agité le monde politico-médiatique tchèque. Le journal à scandale le plus lu du pays a laissé entendre cette semaine que Michael Kocáb entretiendrait une relation avec sa porte-parole. Michael Kocáb est marié et père de trois enfants, même s’il dit être séparé officieusement de sa femme depuis plusieurs années. Néanmoins, ce déballage de la vie privée du ministre aurait pu avoir des conséquences politiques puisque ce dernier s’est senti contraint de proposer sa démission à Jan Fischer ; une « peoplisation » de la vie politique rejetée par le Premier ministre :« Je respecte son sens de la responbilité. Blesk et d’autres journaux de ce type ont rendu publiques des choses qui appartiennent au domaine de la vie privée et pour moi, ce n’est pas une raison pour démissionner. Au contraire, je lui ai conseillé de rester. J’attends de lui qu’il fasse son travail et je ne m’occupe pas de ses affaires privées. »
Michael Kocáb reste donc à la tête du ministère des droits de l’Homme et des minorités jusqu’aux élections de mai prochain.