La progression du salaire moyen cache mal la réalité
Le montant du salaire brut moyen mensuel en République tchèque en 2009 a augmenté d’un peu plus de 900 couronnes (35 euros) pour s’élever à 23 600 couronnes (environ 925 euros). Par rapport à 2008, il s’agit d’une progression de 4 %. Les chiffres ont été publiés, mardi, par l’Office tchèque des statistiques. Le problème est que cette tendance positive ne reflète pas fidèlement la réalité actuelle de l’économie du travail et ne concerne pas la majorité des Tchèques. Nombre d’entre eux, et plus particulièrement ceux travaillant en dehors de Prague, vivent en effet avec des revenus inférieurs à cette moyenne et même à 20 000 couronnes.
Surtout, la hausse constatée l’année dernière en République tchèque, réellement de l’ordre de 3 % si l’on tient compte du faible taux d’inflation (1 %), est partiellement le fruit de l’augmentation du chômage, qui frappe désormais pratiquement 10 % de la population active, soit le taux le plus élevé de ces cinq dernières années. En 2009, près de 240 000 personnes supplémentaires se sont ainsi retrouvées sans emploi, essentiellement dans les professions ouvrières, traditionnellement les moins rémunérées. Ces licenciements massifs ont donc été un des facteurs-clefs de l’augmentation du montant du salaire moyen, comme l’explique l’économiste Pavel Mertlík :
« Ce sont les employés aux faibles revenus et peu ou pas qualifiés qui sont licenciés en priorité. Inversement, les employés-clefs, c'est-à-dire ceux hautement qualifiés, ne sont pas licenciés, car les entreprises ont besoin d’eux. Et ces employés ont, bien entendu, des salaires plus élevés. Les choses sont donc simples : si vous avez un employé avec un salaire de 50 000 couronnes et un autre avec un salaire de 20 000, la moyenne sera de 35 000. Mais si vous licenciez l’employé à 20 000 couronnes, il vous restera celui à 50 000, et logiquement la moyenne augmentera. » L’année dernière, une progression de cette moyenne a été constatée dans l’ensemble des quatorze régions du pays, mais seuls les Pragois, avec près de 30 000 couronnes (1 175 euros), perçoivent un salaire dont le montant est supérieur à la moyenne nationale de 23 600 couronnes. Et l’écart est même important entre la capitale et le reste du pays, puisque le revenu moyen le plus élevé enregistré en dehors de Prague s’élève à un peu moins de 23 000 couronnes (900 couronnes), en Bohême centrale, soit la région qui encercle Prague. A l’autre bout de l’échelle, ce sont les travailleurs de la région de Karlovy Vary, en Bohême de l’Ouest, qui sont les moins bien lotis avec une rémunération moyenne, la seule dans le pays, inférieure à 20 000 couronnes (785 euros).On le voit, si le montant du salaire brut mensuel moyen a progressé d’un peu plus de 10 000 couronnes en l’espace de dix ans (13 200 couronnes en 2000), le fossé se creuse toutefois de plus en plus entre une minorité qui perçoit des revenus nettement supérieurs à la moyenne nationale et la majorité aux revenus inférieurs, mais aussi entre Prague et la province.