La ville de Brno distingue son fils Milan Kundera
L’écrivain Milan Kundera a reçu, lundi, le certificat de citoyenneté d’honneur de la ville de Brno. Le célèbre romancier, né dans la capitale de la Moravie en 1929, reçoit cette distinction à un moment où ses relations avec sa patrie sont encore marquées par une récente affaire largement commentée par les médias.
Connaissant la réticence de Milan Kundera vis-à-vis des médias et de la publicité, le maire de la ville de Brno, Roman Onderka, ne s’attendait pas à une réaction aussi positive de l’écrivain à l’intention de la municipalité de le faire citoyen d’honneur de la ville:
«J’avoue avoir été très surpris parce que, une dizaine de jours plus tard, j’ai reçu une lettre de Milan Kundera dans laquelle il disait accepter cette distinction et que c’était un honneur pour lui.»
Le romancier ne voulant pas venir à Brno, la distinction lui a été remise à Paris au cours d’une cérémonie très intime. Le maire de Brno et le chef des relations internationales de la municipalité, Mojmír Jeřábek, ont été invités, lundi, d’abord au domicile parisien du couple Kundera, puis à un déjeuner dans un des restaurants du quartier. Le maire a offert au romancier du vin de Moravie, des verres artisanaux et un stylo. Madame Kundera, elle, s’est vue offrir un pendentif en « vltavín », une pierre typiquement tchèque.
Comme il fallait s’y attendre, la presse est revenue, à cette occasion, sur les révélations publiées par le magasine Respekt en octobre 2008 selon lesquelles Milan Kundera aurait dénoncé un jeune homme à la STB, la police politique communiste, dans les années 1950. Le romancier rejette toutes ces accusations. Quant au maire de Brno, il considère cette affaire comme un bobard manigancé par la presse à sensation:
«Je pense que Milan Kundera mérite cette distinction. (…) Quand j’ai réfléchi s’il fallait lui proposer cette citoyenneté d’honneur, ce n’était pas seulement à cause de cette affaire ‘bulle de savon’ dont on a parlé, mais j’avoue que ce contexte a joué, lui aussi, un certain rôle dans ma décision.»
Miroslav Balaštík, rédacteur en chef de la revue littéraire Host (L’Invité), estime lui aussi que les documents sur cette affaire publiés par la presse sont loin d’apporter des preuves convaincantes contre le romancier :
«Si cette affaire a eu quelques conséquences, alors c’est la grande solidarité des écrivains du monde entier qui ont soutenu Milan Kundera. Je crois que cela n’a nullement nui à sa position d’un des plus grands écrivains vivants du monde.»
Selon le maire Roman Onderka, sa rencontre avec Milan Kundera lui a permis de connaître un homme qui n’est pas inaccessible et renfermé sur lui-même, comme on le dit, mais au contraire très avenant et plein d’humour. Même à près de 81 ans, l’écrivain ne cesse de travailler. Actuellement, il supervise les traductions anglaise et allemande de son dernier livre. Il serait même prêt à réfléchir sur une éventuelle présentation d’une de ses pièces dans un théâtre de Brno.