Les Tchèques sont-ils le peuple européen le mieux protégé contre la pauvreté?

Selon Eurostat, Office statistique des Communautés européennes, les Tchèques sont les moins exposés au risque de pauvreté parmi tous les pays de l’Union européenne. D’après cette source, 9% seulement des Tchèques seraient exposés au risque de basculer au-dessous du seuil de la pauvreté, la moyenne européenne étant de 17 %.

Photo: Archives de ČRo7
Les données en question ont été réunies par Eurostat au cours de l’année 2008. L’indice de la pauvreté est le résultat de plusieurs critères. La statistique tient compte, entres autres, des possibilités des gens de payer leurs vacances, de chauffer leur maison ou leur logement, d’acheter une voiture et de manger de la viande. L’ensemble de ces critères situe donc la République tchèque en première position devant la Slovaquie et les Pays-Bas, où le risque de pauvreté touche 11 % de la population. Selon cette statique, la situation la plus difficile a été recensée en Lettonie, en Roumanie et en Bulgarie, où la pauvreté menace 20 % de la population.

Cependant, Martin Potůček, professeur à la Faculté des sciences sociales de l’Université Charles de Prague, estime que ce rapport est inexact et parfois même erroné:

Par contre Marek Loužek, directeur des recherches du Centre pour l’économie et la politique, prend les résultats de l’enquête de l’Eurostat beaucoup plus au sérieux. Il souligne qu’il y a toute une série de critères de pauvreté dont certains sont absolus et d’autres relatifs:

Marek Loužek
«La Banque mondiale a défini comme critère absolu de la pauvreté le revenu de 1,25 dollar par jour. C’est une pauvreté extrême. Selon ce critère, il n’y a donc pas de pauvres en République tchèque.»

La statistique Eurostat indique que ce sont les Tchèques de moins de 17 ans qui sont les plus exposés au risque de pauvreté. 13% d’entre eux ont été menacés, en 2008, par ce fléau, de même que 7 % des retraités et 4 % des employés. D’après Marek Loužek, il faut savoir situer ces données dans le contexte européen :

«La pauvreté est toujours un phénomène relatif. Il est toujours important de savoir avec qui nous nous comparons. (…) Il faut que nous nous rendions compte de cela. Nous ne devons pas nous comparer seulement avec les riches mais nous devons nous rendre compte aussi comment vivent les gens à l’Est et au Sud, et peut-être aussi apprécier davantage notre situation.»

Photo: Commission européenne
Les Tchèques ont-ils donc à craindre la pauvreté? Le professeur Martin Potůček trouve une autre raison selon laquelle ce danger menace les Tchèques un peu moins que certains autres peuples:

«Les Tchèques ont un peu moins à craindre que certains autres Européens car, pour le moment, notre Etat social, bien qu’il soit très pauvre, redistribue les moyens limités dont il dispose d’une façon plus efficace que certains autres Etats.»

Toutes les données publiées par Eurostat ne concernent que l’année 2008. La statistique ne dit pas donc dans quelle mesure la situation matérielle des Européens a été influencée au cours de l’année dernière par la crise économique.