« Il était une fois dans l’Est »

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Jusqu’au 3 janvier, la Maison à la Cloche de pierre, sur la place de la Vieille-Ville, propose une exposition photo intitulée « Tenkrát na východě », soit « Il était une fois dans l’Est » variation sur le titre du célèbre western.

« Les Tchèques vus par les photographes » entre 1948 et 1989. Les dizaines de photographies présentées à la Maison à la Cloche de pierre sont une plongée dans près d’un demi-siècle de vie quotidienne sous le communisme. Vladimír Birgus, un des commissaires de l’exposition et spécialiste de la photographie :

« Cette exposition n’a pas pour ambition d’être une rétrospective de cette époque ni même de montrer l’évolution de la photographie tchèque. C’est plutôt le résultat de notre sélection subjective. Nous présentons des auteurs aujourd’hui très connus comme Josef Koudelka, Jindřich Štreit, mais surtout des photographes oubliés ou complètement inconnus. Nous avons aussi des photoamateurs. Et des photos utilisées comme publicité. Ou même des photos des archives de la police politique qui surveillait les gens. Nous avons enfin des photos de jeunes artistes qui réagissent à l’iconographie communiste. »

Les photographies présentées reflètent ainsi des activités et des situations aujourd’hui disparues : les spartakiades, les longues files d’attente devant les magasins d’alimentation, le service militaire obligatoire, mais aussi les traditions encore bien vivantes à la campagne, les joies et déboires ordinaires des gens ordinaires. Vladimír Birgus :

« Dans les plus grandes salles, là où c’était possible, nous avons essayé de montrer la vie officielle, c’est-à-dire les différentes fêtes communistes. Nous les mettons en parallèle avec des photos de la vie quotidienne où l’on voit comme les gens trouvaient refuge dans la sphère intime et dans leur ‘chata’, ces maisonnettes à la campagne. »

Après le coup de Prague en 1948, la photographie tchèque a changé radicalement : les photographes doivent alors rejoindre des coopératives ou une union regroupant les artistes, de nombreux magazines disparaissent, et la censure touche également la profession. Le thème des photos suit l’air du temps : réalisme socialiste et optimisme à tout crin que doivent refléter les clichés. Cela n’empêchera pas de nombreux artistes de créer comme bon leur semble, à l’insu et à contre-courant du nouveau style autorisé. De cette génération est issu Josef Koudelka à qui l’on devra plus tard les très belles et tragiques photos de l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie en 1968.

L’exposition « Il était une fois dans l’Est » est à voir jusqu’au 3 janvier à la Maison à la cloche de pierre, place de la Vieille-Ville à Prague.