20 ans depuis la canonisation de sainte Agnès de Bohême
En ces journées de commémoration de la chute du mur de Berlin et de la révolution de velours, un autre événement lié à ces journées pourrait passer inaperçu. Le 12 novembre 1989, le pape Jean-Paul II canonisait la princesse Agnès de Bohême. Un moment important pour les croyants, en Tchécoslovaquie, mais pas seulement.
12 novembre 1989... Le pape Jean-Paul II canonise, par un discours en tchèque, Agnès de Bohême devant une assemblée de fidèles. Pour cet événement symbolique à plus d’un titre, 10 000 pélerins venus de Tchécoslovaquie ont fait le déplacement à Rome. Du jamais vu, comme le rappelle Ludmila Pospíšilová, de l’ordre des sœurs de Saint-François :
« Ce n’était pas facile, mais finalement un grand voyage pour Rome a pu être organisé. Des milliers de personnes ont pu ainsi aller à l’Ouest, pour la première fois de leur vie. Sous le communisme, il était évidemment extrêmement compliqué d’aller dans un pays occidental ! »
Dès le Moyen Age, de nombreux souverains se sont efforcés de faire canoniser cette princesse přemyslide devenue abbesse. En vain, une des conditions requises étant l’existence d’une sépulture, or on n’a jamais retrouvé le tombeau de la sainte. Cette condition tombera au XXe siècle, avec la canonisation en 1982 d’un Franciscain polonais, Maximilian Kolbe, mort à Auschwitz.
prophétie. Sœur Ludmila Pospíšilová:
« Il existait cette vieille prophétie qui disait que quand la tombe d’Agnès serait retrouvée, les pays tchèques connaîtraient enfin la paix et le bonheur. »
En novembre 1989, beaucoup de croyants ont évidemment vu la canonisation d’Agnès de Bohême comme un signe. Cinq jours plus tard, c’était le début de la révolution de velours.
« Les gens sont ensuite rentrés de la cérémonie de Rome. Personnellement, je n’y suis pas allée, je suis restée ici. Mais le 17 novembre, j’étais dans la rue Narodni, à la manifestation, j’ai participé du début à la fin. Et je peux dire qu’il y avait une atmosphère spirituelle très particulière, je l’ai vécue. Dans les tous premiers jours, il y avait une vraie force spirituelle à l’intérieur de chacun. »
Si saint Venceslas est le patron des pays tchèques, Agnès de Bohême est également vue par certains, croyants ou pas, comme une mère protectrice de la nation. Dans une société marquée par 40 ans d’athéisme forcé, la canonisation d’Agnès de Bohême revêtait en 1989 une force symbolique sans précédent, a fortiori parce qu’elle avait été décidée par un pape issu du bloc soviétique. Dans la foulée, la fête de la sainte sera déplacée ensuite au 13 novembre dans le calendrier liturgique.Petit rebondissement, enfin, dans l’histoire d’Agnès de Bohême, puisque mardi dernier un restaurateur a annoncé qu’il pensait avoir retrouvé le tombeau de la sainte dans l’église Saint-Hastal, à Prague, soit à deux pas du couvent qu’elle a fondé au XIIIe siècle. Mais à deux jours du 20e anniversaire de sa canonisation, cette annonce paraît sinon suspecte, en tout cas prématurée, puisque, pour l’heure, seule une prospection par radar a été effectuée.