Le problème de l’Iran à la conférence du Forum 2000
« La paix, la démocratie et les droits de l’homme en Asie », tels étaient les thèmes de la conférence du Forum 2000 de vendredi. Parmi les intervenants, Ramin Jahanbegloo, universitaire canadien d’origine iranienne, dissident emprisonné il y a trois ans à Téhéran. Alors que les feux des projecteurs ne sont plus braqués sur la « révolution verte » en Iran, Ramin Jahanbegloo évoque la situation à l’intérieur du pays, en ce moment.
« En fait, la situation n’a pas beaucoup changé. Sauf qu’après les élections truquées, après les massacres et les violations des droits de l’Homme durant les derniers événements, le gouverment iranien est en train de chercher une légitimité. A la fois morale et politique. Cette recherche peut s’illustrer par le prochain voyage du président Ahmadinejad à l’assemblée générale des Nations Unies dans une dizaine de jours. Je crois qu’il est donc d’autant plus important de mobiliser l’opinion publique sur ce qui se passe en Iran, sur les violations. Moi je continue, avec mes collègues, d’informer les gens sur ceux qui sont actuellement en prison. »
Est-ce qu’on a une idée du nombre de personnes emprisonnées et tuées pendant les récents événements ?
« Oui, selon l’opposition iranienne, il y a eu environ 80 personnes tuées, surtout des jeunes, 4 000 personnes arrêtées. Sur ces 4 000 personnes je crois qu’il y en a autour de 300-400 qui sont des activistes, des journalistes, des intellectuels et aussi des gens qui appartenaient à la nomenclature islamique, qui se sont retrouvés en prison. »
Le fait que Mahmoud Ahmadinejad ait nommé des femmes au gouvernement fait-il partie de ce ‘ravalement de façade’ pour être plus ‘acceptable’ en Occident ?« Absolument. Mais les femmes ont toujours eu un rôle important à jouer dans la politique iranienne, dans la société civile, que ce soit Shirine Ebadi, qui a eu le prix Nobel de la paix, ou dans le milieu humanitaire et intellectuel. Il y a eu quelques ministres femmes dans le passé. Mais ça ne change rien. Les violations des droits de l’Homme continuent. Le fait qu’il y ait des femmes ministres ne change rien. Je crois qu’il faut être clair : le gouvernement iranien continue de violer les droits de l’Homme. Et il ne faut pas mettre en avant le dossier nucléaire en oubliant le dossier humanitaire. »
Avez-vous l’impression que la présidence Obama a changé la donne ?« Apparemment, c’est ce qui se passe malheureusement. Je dis malheureusement parce que la présidence Obama veut être critique vis à vis de l’Iran, mais ne discute que du nucléaire et laisse de côté l’humanitaire. Je crois qu’il y a une priorité du dossier humanitaire. Mais c’est le nucléraire qui intéresse Européens et Américains, surtout dans un souci de paix au Moyen Orient et pour qu’il n’y ait pas d’intervention du côté israélien. »