La dérégulation du loyer se poursuivra jusqu’en 2012

Le 1er juillet, le cabinet d’intérim de Jan Fischer a présenté sa « feuille de route » pour la dérégulation des loyers en République tchèque. Celle-ci fixe la fin des loyers régulés à l’année 2012. Les loyers vont augmenter en moyenne de 17%, en 2010, mais dans certaines localités, ils pourraient augmenter de plus de la moitié par rapport à l’état actuel.

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
La dérégulation concernera près de 750 000 logements, c’est dire qu’elle touchera près de 17% de la population du pays qui vivent dans des appartements à loyer régulé qui sont soit la propriété des municipalités, soit appartiennent à des propriétaires privés. Pour deux tiers de ces logements, l’augmentation unilatérale des loyers prendra fin en 2010. Pour le reste, soit environ 300 000 logements dans des grandes villes, la dérégulation du loyer déjà revu à la hausse de 46% en moyenne, ne s’arrêtera qu’en 2012. La décision d’étaler le processus sur deux années supplémentaires a été prise en avril dernier par le cabinet sortant de Mirek Topolánek. Le motif ? Atténuer l’impact social que la dérégulation provoquerait si elle était faite en une seule fois. Pavel Rakouš, responsable de la politique du logement au ministère du développement régional admet que la dérégulation s’annonce brutale :

« La hausse est relativement rapide, il faut compenser le retard qui s’est produit au cours des années précédentes. Le loyer va augmenter d’une façon radicale, dans certaines localités, cela pourrait approcher théoriquement les 100%. »

Sur son site Internet, le ministère a publié un ‘calculateur’ des loyers régulés suivant les différentes régions, villes et quartiers. Un exemple, à titre d’illustration : à Nusle, un quartier pas très chic du IVe arrondissement de Prague, le loyer dans un logement moyen de moins de 60 m2 qui coûte cette année 4917 couronnes augmentera de 2736 couronnes en 2012, soit un total de 7653 couronnes.

Le montant du loyer dérégulé est montré du doigt et considéré comme démesurée par le président de l’Association des locataires Stanislav Křeček :

« La décision du ministère du développement régional est tout a fait inadéquate face à la situation actuelle et elle ne répond pas non plus à la loi. »

Selon Stanislav Křeček, le calculateur du ministère est faux du fait qu’il est basé sur le prix des logements pendant la période entre 2006 et 2008, lorsqu’ils étaient à leur maximum. Depuis, le prix de l’immobilier en Tchéquie a baissé, à la suite de la crise, alors que les loyers ne cessent d’augmenter.

La dérégulation semble pourtant insuffisante aux propriétaires d’immeubles privés. Pour Libon Dellin, vice-président de l’association civique des propriétaires d’appartements et d’immeubles, le loyer sera toujours de 20 à 60% inférieur au loyer habituel local :

« Le loyer final ne couvrira les frais de reproduction des immeubles que dans 113 communes, dans les autres, il continuera à rester toujours loin en dessous des charges indispensables. »

Après 2012, date de la fin de la dérégulation, le loyer ne pourra plus être unilatéralement augmenté par les propriétaires. En cas de litige, le montant du loyer devra être fixé par les tribunaux. Quant aux propriétaires d’immeubles privés, nous rappellerons qu’ils avaient déjà porté plainte à Strasbourg contre les lenteurs de l’Etat tchèque dans la dérégulation qui leur auraient causé des pertes s’élevant jusqu’à 500 milliards de couronnes.