Les paparazzi de la police secrète tchécoslovaque
Prague dans l’objectif de la police secrète : c’est le titre de l’ouvrage qui vient d’être publié par l’Institut d’étude des régimes totalitaires. Des dizaines de photos en noir et blanc, prises en douce dans les années 1970 et 1980, sont reproduites dans ce livre. Des clichés généralement réalisés avec des appareils dissimulés dans des serviettes, des sacs à provision ou encore dans des berceaux.
Pour l’hebdomadaire Týden, ces photos sont remarquables, « pas seulement parce qu’il se passe quelque chose d’intéressant sur certaines d’entre elles mais aussi parce qu’elles permettent d’avoir un aperçu de l’atmosphère quotidienne de l’époque ». Pour réaliser ces clichés, la police secrète - la StB – ne lésinait pas sur les moyens. Pavel Žáček, directeur de l’Institut d’étude des régimes totalitaires :
« Dans le cas d’une personne, d’un dissident, en une seule journée ont été réquisitionnées 48 personnes différentes pour le suivre, avec 12 véhicules en tout pour toutes les équipes... »
Alena Hromádková fut l’une des porte-parole de la Charte 77, mouvement clé de la dissidence tchécoslovaque. Elle a reconnu les endroits où la StB l’a prise en photo :
« Regardez : ça par exemple c’est mon ancienne maison. L’homme qui est à côté, je ne le connais pas. Mais je suppose qu’ils l’ont photographié avec moi parce qu’il avait l’air un peu exotique... »
Il n’y avait pas besoin de faire partie des dissidents pour avoir l’honneur d’être photographié par les agents-paparazzi : il suffisait de travailler dans des endroits stratégiques, comme cette ancienne hôtesse de l’air, employée à l’aéroport de Prague avec accès aux chargements des avions, et notamment aux chargements militaires...
Il existe des milliers de négatifs dans les archives de la police secrète. Ce livre permet de découvrir près de 300 photos, le plus souvent prises avec un F21 russe ou un Robot de fabrication allemande. On reconnaît sur certaines d’entre elles des personnalités célèbres, dont l’écrivain Milan Kundera.
Photos: Institut d’étude des régimes totalitaires