UE – Russie : un sommet pour rien mais tendu
Après la réception du Premier ministre chinois, mercredi, à Prague, un autre sommet avec une puissance mondiale figurait, jeudi et vendredi, au programme de la présidence tchèque de l’UE. Accompagné de José Barroso et de Javier Solana, le président tchèque Václav Klaus représentait les Vingt-sept à Khabarovsk, en Sibérie extrême-orientale, où la délégation européenne a été reçue par le président russe Dmitri Medvedev. Un sommet pour rien, affirment certains, mais qui a eu le mérite de mettre une nouvelle fois à jour la complexité des relations entre Bruxelles et Moscou.
Un argument réfuté par le président russe, qui a affirmé que le choix du lieu devait servir à une meilleure compréhension européenne de « l’immense Russie », mais que le déroulement et surtout la fin du sommet n’ont pas permis de totalement exclure. Que ce soit en matière d’énergétique ou dans la position à l’égard des pays anciennes républiques soviétiques, les deux parties ne se sont en effet guère entendues. Malgré les déclarations habituelles de bonnes intentions sur les relations de partenariat, le conflit russo-géorgien, dans lequel l’UE avait défendu la cause géorgienne, et le conflit gazier russo-ukrainien ont laissé des cicatrices.
Václav Klaus a eu beau affirmer que le débat ouvert avait « augmenté la compréhension et la confiance mutuelles », la réalité est que l’UE et la Russie ne sont parvenues à aucune avancée notable en matière de sécurité énergétique. Dmitri Medvedev a ouvertement reconnu qu’une nouvelle crise semblable à celle du début de l’année pourrait se reproduire. « La Russie n’a donné et ne donnera aucune garantie. Il n’y a aucun problème de notre côté. La garantie devrait donnée par celui qui doit payer le gaz », a expliqué le chef du Kremlin en faisant allusion à l’Ukraine.Sans surprise, des divergences de vue sont également apparues concernant le projet européen de Partenariat oriental, qui prévoit le renforcement des relations entre l’UE et six Etats post-soviétiques (Azerbaïdjan, Moldavie, Ukraine, Géorgie, Biélorussie et Arménie) et que la présidence tchèque a officiellement lancé au début du mois à Prague. Dmitri Medvedev a prévenu qu’il ne souhaitait pas que ce partenariat oriental soit considéré comme un partenariat contre la Russie dans une région que Moscou considère traditionnellement comme une zone d’influence réservée.
Avant de prendre la direction de la Corée du Sud, où l’attend un troisième et dernier sommet, le président tchèque s’est également entretenu avec son homologue russe. A l’issue de ce court entretien, Václav Klaus, auquel certains à Prague reprochent ses positions prorusses, s’est contenté d’annoncer qu’il n’existait aucun problème dramatique entre les deux pays, et que la question de l’éventuelle implantation du radar américain sur le sol tchèque n’avait pas été évoquée.