Presse : le tourisme à Prague revient sur le sentier battu qui déplaît à ses habitants

Cette nouvelle revue de la presse se penche d’abord sur les aléas du « surtourisme » à Prague. Elle apporte également quelques remarques concernant la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne, qui entend en référer à Václav Havel. Un autre sujet traité : la chasse aux biens d’oligarques russes en Tchéquie. Y a-t-il lieu de s’inspirer de la Slovaquie et de chercher une femme candidate à l’élection présidentielle ? Réponse également dans ce magazine.

« Tourist Go Home » : tel est l’intitulé d’un article publié dans l’édition de ce mardi du quotidien Lidové noviny, et signé de la chroniqueuse de sa page culturelle, dans lequel on peut lire :

« Le Covid-19 ayant apparemment disparu des métropoles, les touristes reviennent également à Prague. Dès lors, le centre-ville est redevenu la proie de ceux qui n’y sont pas venus pour admirer en priorité les beautés de la ville, mais pour chercher une distraction et pour se soûler. Tout indique que les invasions nocturnes de bandes d’individus sans gêne ne prendront jamais fin. Les espoirs de ceux qui se plaignaient de leur bruit et de leurs insolences, et qui croyaient que la pandémie allait permettre de donner au tourisme un nouveau manteau ‘normal’, ont été une nouvelle fois déçus. Certes, il ne s’agit pas de dénoncer l’entreprise libre, mais les pratiques qui dérangent les habitants locaux, notamment ceux qui vivent dans des quartiers historiques. »

Avant la pandémie, en effet, le tourisme – et pas seulement à Prague – a repoussé les limites du possible. C’est pour cette raison, comme le rappelle la chroniqueuse, que la protection de la population locale était devenue un des points sur lequel misaient les précédentes campagnes municipales. Les représentants municipaux se plaisaient également à afficher leur volonté d’empêcher que le centre de Prague ne se transforme en un gigantesque centre d’hébergement pour les touristes. Pourtant, d’après Lidové noviny, les fruits et les signes de cette volonté sont modestes. Le fait que les habitants d’autres métropoles, de Venise à Barcelone, se révoltent eux aussi, n’apporte qu’une faible consolation.

La présidence tchèque du Conseil de l’UE se réfère à Václav Havel

Lors de sa présidence du Conseil de l’Union européenne dans le deuxième semestre de cette année, la Tchéquie entend se référer à l’ancien président tchèque Václav Havel. L’édition de ce jeudi du quotidien économique Hospodářské noviny a soulevé quelques interrogations à ce propos :

'L’Europe comme mission' | Photo: Knihovna Václava Havla

« Pour cette présidence, qui s’ouvre le 1er juillet, le cabinet de Petr Fiala a choisi le slogan ‘L’Europe comme mission’. Il s’agit d’une formulation que Havel avait utilisée dans les années 1990 dans un de ses discours consacrés à l’Union européenne. Elle appelle, d’après ce que le gouvernement affirme, à assumer cette responsabilité et à agir avec détermination en vertu du respect des valeurs. Une allusion évidente à la situation actuelle, à la guerre agressive que la Russie mène non loin de la frontière de l’Union européenne. »

D’un autre côté, comme le remarque le commentateur du journal, établir un lien entre la présidence tchèque et Václav Havel paraît assez bizarre :

« L’ancien chef de l’Etat tchèque souhaitait que les Etats de l’Union européenne s’unissent pour former un jour une fédération authentique, suivant le modèle des Etats-Unis. Une chose que la majorité des politiciens tchèques, et en particulier le Parti civique démocrate (l’ODS), principal parti de la coalition gouvernementale, refusent catégoriquement. »

Le journal Hospodářské noviny indique également que la présidence tchèque de l’Union européenne ne figurait pas parmi les priorités du précédent gouvernement d’Andrej Babiš. Et de conclure en citant un expert en affaires européennes :

« L’actuel gouvernement, quant à lui, ne pourra pas éviter certains sujets délicats tels que le climat. Il n’y a donc pas lieu de s’attendre à des miracles. Mais tant que cette présidence sera dépourvue de controverses, elle pourra être considérée comme réussie. »

Une présidence européenne à l’ombre de la guerre

La Tchéquie a préparé une présidence de guerre du Conseil de l’UE, constate dans ce même contexte l’auteur d’une note publiée dans le journal Deník :

Photo: Bureau du Gouvernement tchèque

« La Tchéquie a été, tant bien que mal, contrainte d’abandonner ses précédents projets pour accepter la réalité telle qu’elle l’est. L’Ukraine et l’ensemble de l’Union européenne étant en guerre contre la Russie, nos efforts pour stopper l’agression russe dirigée contre l’Occident va déterminer le cours de nos vies durant les prochains mois, et ainsi également le contenu de la présidence de l’Union européenne. Le gouvernement tchèque a bien défini les points qui ont un lien avec la guerre en Ukraine et qui sont prioritaires. Une tâche difficile dans la mesure où la situation continuera à s’aggraver, et où le Kremlin accentuera ses efforts en vue de fragiliser et de disloquer notre système démocratique. »

La question de savoir ce que les Tchèques à la tête de l’Union européenne devraient faire s’il n’y avait pas de guerre en Ukraine est alors, selon le journaliste de Deník, mal à propos.

Une chasse prudente aux biens des oligarques russes en Tchéquie

Le site Seznam Zprávy rapporte qu’il cherche, de concert avec d’autres médias nationaux, à identifier et à décrire les activités d’oligarques de Poutine sur le territoire tchèque. « Jusqu’ici, leurs biens y demeurent pour la plupart intacts », constate-t-il, avant de préciser :

Photo illustrative: ČT24

« La liste des sanctions de l’Union européenne établie suite à l’invasion russe en Ukraine compte quelque 1175 noms. D’après les informations disponibles, elle ne contient aucun nom soumis sur l’initiative de la diplomatie tchèque. Pourtant, il existe toute une série d’entrepreneurs et de fonctionnaires russes qui devraient faire l’objet de sanctions. »

Pour l’illustrer, le site Seznam Zprávy présente les cas de 18 oligarques russes qui possèdent dans le pays de grandes fortunes, et qui y développent également des activités commerciales. Et il n’oublie pas de noter, en conclusion, que la Tchéquie prépare une loi nationale spéciale en matière de sanctions, dénommée loi Magnitsky :

« Elle permettra d’imposer le gel des biens et de mettre en place des sanctions de visa à l’égard des Russes responsables de la violation des droits de l’homme. Elle sera destinée à punir au niveau national les personnes qui ne figurent pas encore sur la liste de l’Union européenne. Dès qu’elles y seront inscrites, elles seront en même temps rayées de la liste nationale. C’est en ce mois de juin que la loi sera débattue en conseil ministériel, avant d’être soumise à la Chambre des députés. »

La présidente slovaque Čaputová, une inspiration pour les électeurs tchèques ?

Ceux qui cherchent en Tchéquie une version locale de la présidente slovaque Zuzana Čaputová devront attendre la fin du prochain mandat présidentiel de cinq ans. C’est un avis exprimé dans un texte publié dans le journal en ligne Forum24.cz, qui répond à certaines spéculations autour de la présidentielle prévue en Tchéquie au début de l’année prochaine. Son auteur explique :

Zuzana Čaputová | Photo: Jirka Dl,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

« Point n’est besoin de chercher à l’heure actuelle une inspiration en Slovaquie. La défaite du mouvement ANO d’Andrej Babiš aux dernières élections législatives a auguré un changement du climat politique en Tchéquie. L’élection présidentielle est appelée à l’achever d’une manière symbolique. Or, imposer un élément féminin dans un monde masculin n’est pas ce qui devrait constituer un sujet clé et pertinent de cet événement politique majeur en Tchéquie. »

D’après les sondages, c’est principalement l’ancien chef de gouvernement Andrej Babiš qui a le plus de intentions de vote, suivi du général Petr Pavel et du leader syndical Josef Středula. En ce qui concerne les femmes, candidates réelles ou supposées, c’est à l’économiste Danuše Nerudová, 43 ans, que les médias accordent la plus grande attention. Et c’est également elle qu’ils présentent comme un possible alter ego de la présidente slovaque Zuzana Čaputová.