Anifest, un festival en transition entre Třeboň et Teplice
Anifest. Depuis huit ans ce festival est le rendez-vous des amateurs de films d’animation. Organisé depuis le début à Třeboň, en Bohême du Sud, l’édition 2009 a adopté une nouvelle formule.
Une formule pour l’heure un peu bancale puisque le festival se déroulait ce week-end, traditionnellement, à Třeboň et se poursuit le week-end du 8 mai à Teplice, une ville thermale également, mais cette fois au nord du pays. Magda Šebestová, une des organisatrices du festival :
« Depuis quelques années, Třeboň n’est plus capable de gérer l’augmentation du nombre de visiteurs. Certaines personnes n’arrivaient plus à voir les films qu’ils avaient choisis. Et l’an dernier a été critique. On s’est mis d’accord avec la ville de Teplice car il y a bien sûr une question de capacité au niveau des salles de cinéma et de l’hébergement. C’est vrai, c’est très difficile cette année au niveau logistique et financier. Mais c’est une phase de transition jusqu’à ce qu’on sache ce qu’on doit faire. »
Evidemment, cette solution ne plaît pas à tout le monde, comme le scénariste et réalisateur de films d’animation Edgar Dutka :
« C’est une catastrophe. J’ai demandé pourquoi. Je croyais que c’était une question d’animosité du nouveau maire qui est d’une autre couleur politique. Mais non, c’est le directeur du festival et je pense que c’est une tragédie. Imaginez : ça va finir à Třeboň et quelques jours après vous devez être à Teplice. Mais c’est vrai que c’est difficile en ce moment avec la crise. »
Comme chaque année cependant, le festival est l’occasion de découvrir toutes les créations actuelles internationales, courtes pour la plupart, dans des blocs d’une heure et demie. L’édition 2009 reflète aussi les 20 ans depuis la révolution de velours avec un bloc consacré à des films d’animation souvent oubliés dans les archives parce que relégués au placard sous le communisme ou censurés. Edgar Dutka :
« Certains ont été projetés, mais souvent le censeur y collait un autre titre qui en changeait le sens. Par exemple, Jan Švankmajer avait tourné un film qui parlait de tous les gens qui ont fui le pays après l’invasion de 1968. La censure a transformé le titre en faisant comme s’il s’agissait de gens qui fuyaient les persécutions de l’Inquisition. Ils en ont fait un pamphlet anti-catholique! »Persépolis, Valse avec Bachir. Ces longs métrages sont la preuve d’une percée du film d’animation au sein de la grande famille du 7e art. Leur succès est aussi une façon de dire que l’animation est d’abord un moyen d’expression, et que les dessins animés ne sont pas uniquement pour les enfants. Pourtant, hors du format long, point de salut pour l’animation, comme le déplore Jean-Jacques Prunès, réalisateur de courts-métrages éducatifs inspirés de contes de Rudyard Kipling. Seul échappatoire, les festivals :
« Ce qui est regrettable c’est que la télévision pourrait créer une émission spéciale pour faire découvrir tout ce monde des courts-métrages d’animation. Malheureusement ce n’est pas le cas, ou de temps en temps, vous en avez la possibilité, sur Arte, à des heures impossibles. Mais ça reste rare. A une époque, on avait la possibilité d’en voir en salles, avant un film. Ca n’existe plus. Mais en dehors des festivals, je ne vois pas trop d’autres possibilités. Un court métrage est difficile à monter. Evidemment, c’est une carte de visite pour un producteur mais ça ne rapporte pas. Les chaînes ne sont pas intéressées car elles ne savent pas où les caser. Mais le court-métrage est indispensable car il est formateur. Il permet d’apprendre son travail, notamment pour les jeunes. Il y a des courts-métrages fabuleux. Et puis, ça dépend de l’histoire qu’on raconte : on peut très bien raconter une histoire forte en quelques minutes ! »