Le poète Miloslav Topinka, lauréat du prix F. X. Šalda

Le président la société F. X. Šalda Jan Wiendl et Miloslav Topinka, photo: CTK

Depuis 1995, avec une interruption de quatre années, la société F. X. Šalda remet chaque année un prix qui porte le nom de ce grand critique littéraire tchèque du début du XXe siècle. Cette année, c’est le poète et essayiste Miloslav Topinka qui s’est ainsi vu distingué.

Le président la société F. X. Šalda Jan Wiendl et Miloslav Topinka,  photo: CTK
C’est avec une sympathique pirouette que Miloslav Topinka, homme de lettres mais homme de peu de paroles, a remercié les membres du jury du prix F. X. Šalda, mercredi soir :

« Je m’imagine F. X. Šalda avec sa superbe canne avec laquelle, debout, il ouvrait les livres disséminés par terre, vérifiant s’ils valaient le coup d’être lus ou pas. Lui-même comparait cela aux douaniers qui plantaient des tiges en fer dans les chargements des camions sur les routes, pour voir s’il n’y avait pas des produits à déclarer ou interdits. Je suppose que c’est ainsi que le jury fait son choix parmi les nominés. »

« Hadí kámen », ou en français « pierre serpentine » : c’est le titre du recueil pour lequel Miloslav Topinka a reçu le prix F. X. Šalda. La serpentine est une pierre verte à laquelle on attribuait dans certaines civilisations des pouvoirs magiques. Et notamment celui de guérir des morsures de serpent. Ou de la poésie, comme le précise Miloslav Topinka dans un entretien réalisé pour le festival des écrivains à Prague. Car pour Miloslav Topinka, la poésie est un mode de vie qui ne fait pas de compromis, une façon d’« aller ailleurs, de voir autrement ».

Miloslav Topinka,  photo: CTK
C’est d’ailleurs peut-être là qu’il faut chercher le goût de Miloslav Topinka pour Arthur Rimbaud dont il a écrit, il y a quelques années, une biographie très personnelle intitulée « A côté de moi, vous n’êtes tous que des poètes. » Miloslav Topinka, tout comme le jeune Rimbaud en son temps, est parti pour l’Afrique : en 1968, il a participé à l’expédition Lambaréné qui emmène un groupe d’étudiants tchèques en Tatra de Prague au Gabon.

Les publications de certains de ses recueils de poésie n’ont pu être réédités qu’après la révolution de velours. En attendant, Miloslav Topinka a été psychologue, mais a également travaillé à Casablanca entre 1980 et 1987 pour une société industrielle marocaine.

Aujourd’hui, outre sa création propre, il mène un travail d’édition d’auteurs tels que Věra Linhardtová, écrivaine tchèque vivant en France, ou le poète Jiří Kolář, également exilé en France. Miloslav Topinka s’attache également à faire connaître en République tchèque Roger Gilbert-Lecomte, pilier du groupe parasurréaliste Le Grand Jeu, dont faisait également partie le peintre tchèque Josef Šíma. Eclipsé par les Surréalistes plus à la mode, le Grand Jeu fut un groupe de jeunes gens ardents qui se réclamaient justement d’Arthur Rimbaud. La poésie, sans concession, encore une fois, comme celle qui est chère à Miloslav Topinka.