Plus de 600 ouvrages francophones publiés en Tchéquie en trente ans grâce au Fonds Šalda
Précieux outil de diffusion de la littérature francophone en République tchèque, le Fonds Šalda célèbre cette année ses trente ans d’existence. Tous les ans, ce programme permet d’aider à la publication d’une dizaine d’ouvrages francophones en Tchéquie, en soutenant financièrement les éditeurs nationaux.
Nous avons rencontré Simon Gilmer, attaché pour le livre et le débat d’idées à l’Institut français de Prague, pour parler du paysage littéraire francophone en en Tchéquie et évoquer avec lui le bilan du Fonds Šalda (Fond Šalda).
« Ce dispositif financier d’aide à la publication a été créé en 1993-1994 par l’Ambassade de France en République tchèque et l’Institut français de Prague. Il a pris le nom de František Xaver Šalda, qui était un éminent critique littéraire des XIXe et XXe siècles. »
Comment a évolué l’édition des livres français en République tchèque et quel rôle a joué le Fonds Šalda dans cette évolution ?
« Le Fonds Šalda a joué un rôle très important notamment dans les années 1990 parce que beaucoup de livres français n’étaient pas traduits pendant la période de la Tchécoslovaquie communiste, en particulier dans les domaines des sciences humaines et sciences sociales. Ce programme a ainsi permis la traduction de grands noms de la recherche, comme Derrida, Bourdieu, et Sartre, qui étaient censurés ou qui n’étaient pas publiés. »
Après 30 ans d’existence, quel est le bilan du Fonds Šalda ?
« C’est un bilan très positif, avec 645 livres soutenus : différents ouvrages de sciences humaines et sociales mais également des bandes dessinées, de la littérature jeunesse. C’est une chance pour la société et le monde intellectuel tchèques de bénéficier de ce soutien, qui permet de traduire des pans de la littérature française qui n’étaient pas accessibles auparavant. »
Comment sélectionnez-vous les ouvrages qui bénéficient de ce programme ? Est-ce que vous privilégiez certains genres littéraires par rapport à d’autres ?
« On essaie de répondre à un manque dans le domaine des sciences sociales et des sciences humaines mais on souhaite également développer la traduction de la littérature jeunesse, ainsi que des bandes dessinées. Enfin on essaie de valoriser la traduction d’ouvrages d’écrivaines françaises et francophones. »
Est-ce que la traduction d’ouvrages français est concentrée chez certains éditeurs spécifiques ?
« Non, il y a certes des grands éditeurs comme Argo qui traduisent continuellement des ouvrages français vers le tchèque mais il y a tous types d’éditeurs, des petits, des grands… Notre objectif justement c’est de ne pas soutenir chaque année les mêmes éditeurs mais d’essayer de permettre aux petits éditeurs de conclure leurs projets éditoriaux autour de la littérature française. »
Est-ce qu’il y a des auteurs ou bien des genres littéraires que les Tchèques apprécient particulièrement dans le corpus littéraire français ?
« C’est une question difficile sachant que le peuple tchèque est un peuple de lecteurs. De grands noms des sciences humaines et des sciences sociales du XXe siècle en France font résonnance ici. Pour parler des auteurs contemporains, il y a des auteurs qui sont très lus et très vendus comme Laurent Binet ou comme Michel Houellebecq. On essaie aussi de soutenir et de favoriser la lecture de nouveaux auteurs et notamment des écrivaines, comme Virginie Despentes par exemple. »
Avez-vous d’autres projets en cours ou à venir pour mettre en lumière la littérature française ?
« Au mois de mai, nous aurons un stand France dans le cadre du salon du livre Svět knihy, au Parc des expositions de Prague, et en septembre nous participerons, avec les Centres tchèques, à la Nuit de la littérature. Pour célébrer le 30e anniversaire du Fonds Šalda, nous organisons en ce mois de février deux événements festifs. Le premier est une lecture musicale qui se tiendra mardi 6 février à partir de 18h00 à l’Institut français, et le deuxième est un débat sur l’avenir du livre organisé le 7 février à partir de 19h00 à la Kunsthalle de Prague. »