Quand Mirek Topolánek cite AC/DC, la tension monte avant le G20

Mirek Topolánek à Strasbourg, foto: CTK

Avant de revenir à Prague pour présenter sa démission ce jeudi, Mirek Topolánek était mercredi à Strasbourg, où il devait présenter aux députés européens les conclusions du dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, qui portait sur les solutions à apporter à la crise économique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les déclarations du premier ministre tchèque et président en exercice de l’UE contre la politique de relance américaine ont été très remarquées.

Mirek Topolánek à Strasbourg,  foto: CTK
« Non seulement l’Amérique répète les erreurs commises dans les années 30, comme les larges subventions dans tous les domaines, des tendances protectionnistes, des appels tels que la campagne «Achetez américain», et ainsi de suite. Toutes ces mesures combinées et, pire encore, la volonté de les rendre permanentes, sont une voie qui mène à l’enfer. »

Voilà qui a eu l’effet d’une « bombe », d’autant qu’une erreur de traduction avait failli créer une autre polémique. Au lieu de « bons d’Etat » (bondy), le traducteur du Parlement européen avait compris « bombes » (bomby) et en avait conclu que Topolánek affirmait que Washington renflouait ses caisses en vendant des armes...

La critique de la politique économique américaine par le premier ministre tchèque a immédiatement été reprise par les médias de l’autre côté de l’Atlantique. Mirek Topolánek a tenu ces propos une semaine avant le sommet du G20 à Londres lors duquel Européens et Américains, entre autres, doivent tenter de coordonner leur politique de relance et débattre des moyens de stimuler l’économie. De retour à Prague, il a maintenu ses propos sur le plateau de la télévision publique :

« C’est un débat légitime et avant le G20, ça a eu au moins le mérite de dessiner de manière exacte les contours de ce débat. Donc je n’ai pas l’intention de m’excuser pour cette déclaration. »

Nicolas Véron est un économiste français et travaille au centre de recherche économique européen Bruegel. Il est revenu pour Radio Prague sur les déclarations de Mirek Topolánek à Strasbourg :

« Il me semble que le jugement qu’il a porté sur la politique économique américaine ne fait pas consensus en Europe. Je ne crois pas qu’il exprime une position européenne en portant ce jugement. Je crois qu’il y a des doutes sur le plan américain sur son efficacité mais dans l’ensemble la partie ‘stimulus’ a été plutôt bien reçue dans la communauté des observateurs économiques en Europe. Je dirais que les commentaires du premier ministre Topolánek se situent à un point extrême du champ des opinions qui existent sur les plans américains qu’à un point de consensus. De ce point de vue là, ses propos n’engagent que lui-même, ce ne sont pas des propos qui peuvent être considérés représentatifs d’une position de l’UE ou même d’une position d’un nombre significatif d’Etats de l’UE. »

Barack Obama,  photo: CTK
Juste après avoir confirmé ses propos, le premier ministre tchèque a néanmoins livré une autre explication à l’emploi de sa formule choc sur « la voie qui mène à l’enfer » :

« C’est le côté freudien de l’affaire : la semaine dernière il y a eu ici un concert du groupe AC/DC et leur chanson culte ‘Highway to hell’ (autoroute pour l’enfer) m’a peut-être inspiré pour mon intervention improvisée au cours de laquelle j’ai employé l’expression ‘voie qui mène à l’enfer’ ».

Et voilà comment un groupe de hard rock australien peut influer sur la diplomatie internationale... Barack Obama aura peut-être envie de réécouter cette chanson avant de venir à Prague le 4 avril.