Poids lourd de la politique tchèque, Mirek Topolánek entre dans la courseà la présidentielle

Mirek Topolánek, photo: ČTK

Ex-Premier ministre et ancien leader du Parti civique démocrate (ODS), Mirek Topolánek a annoncé, le week-end dernier, sa candidature à l’élection présidentielle, dont le premier tour se déroulera les 12 et 13 janvier prochains. Un concurrent sérieux pour le chef de l’Etat sortant Milos Zeman et le scientifique Jiří Drahoš qui faisaient jusqu’à présent figure de favoris de la présidentielle 2018.

Mirek Topolánek,  photo: ČTK
C’est à la dernière minute que l’ancien chef du gouvernement de centre-droit entre 2006 et 2009 a obtenu le soutien de dix sénateurs pour sa candidature à la présidentielle tchèque. Quelques jours à peine avant le 7 novembre, la date limite du dépôt des candidatures, Mirek Topolánek a annoncé devant les caméras qu’il recherchait le soutien auprès de cinq formations politiques différentes et pas seulement de l’ODS. Ce parti libéral dont Mirek Topolánek n’est plus membre, et qui avait pourtant réalisé, sous sa présidence, en 2006, le meilleur score électoral de son histoire (plus de 36%). On écoute Mirek Topolánek :

« Je suis un candidat qui n’est lié à aucun parti, qui ne cherche à se positionner ni à droite, ni à gauche, ni au centre. Ma candidature est une décision plus émotionnelle que rationnelle. C’est une réaction à l’évolution de la situation politique après les élections législatives, une évolution qui ne respecte pas la Constitution. »

La stratégie de Mirek Topolánek pour vaincre le président Miloš Zeman, candidat à sa propre succession, porte donc en premier lieu sur la critique de la complicité entre le chef de l’Etat et le leader du mouvement ANO Andrej Babiš, chargé de la formation du nouveau gouvernement. En même temps, Mirek Topolánek cherche à se démarquer des candidats à la présidentielle qui se disent « apolitiques », du musicien et homme d’affaires Michal Horáček, mais surtout de l’ancien président de l’Académie des Sciences Jiří Drahoš. Pour celui-ci, le discours de Mirek Topolánek a toujours été marqué par « cette même vulgarité et ce même non-respect à l’égard de ses adversaires que l’on retrouve chez Miloš Zeman ».

Ingénieur originaire de la Moravie-Silésie, devenu successivement sénateur, député et Premier ministre, Mirek Topolánek, 61 ans, veut mettre en évidence, dans sa campagne présidentielle, son expérience de politicien chevronné :

« Il manque, dans cette course à la présidence, un candidat politique fort. Moi, je peux apporter mon expérience : j’ai dirigé ce pays ainsi que l’Union européenne, j’ai participé au sommet du G20 aux côtés des personnes les plus influentes au monde. Il est donc évident que je serais capable d’exercer la fonction de président de la République. »

« Loquace, tranché, énergique », l’ex-Premier ministre apporte, sans doute, une nouvelle dynamique dans la campagne présidentielle tchèque, comme le constatent les médias nationaux. Ils rappellent également les nombreuses affaires politiques et de corruption qui ont marqué la carrière de Mirek Topolánek, affaires qui ont entraîné, en 2009, la chute de son gouvernement en pleine présidence tchèque de l’Union européenne.

Et les commentateurs de rappeler qu’après son départ de la politique, Mirek Topolánek s’est lié à un des Tchèques les plus influents dans le monde des affaires, le milliardaire Daniel Křetínský et à son groupe énergétique Energetický a průmyslový holding (EPH).

Rappelons que les prétendants à l’élection présidentielle ont jusqu'au 7 novembre pour déposer leur dossier au ministère de l'Intérieur. Parmi ceux qui ont officiellement déclaré leur candidature, on trouve également l'ancien ambassadeur tchèque en France Pavel Fischer, l’ancien directeur de Škoda Auto Vratislav Kulhánek, le président du parti du Bon sens Petr Hannig, le médecin Marek Hilšer ou encore le lobbyiste de l'armement Jiří Hynek.