Les figures éphémères de Johel Mitéran

Cheval noir dans le beau temps, photo: Johel Mitéran

Johel Mitéran est quelqu’un qui n’aime pas les petites cases et les étiquettes. C’est presque avec malice qu’il aime à envisager les multiples facettes de son travail, qu’il soit artistique ou scientifique. Pour lui, pas d’incompatibilité majeure entre le « sérieux » d’un poste de professeur à l’Université de Dijon et ses activités créatrices. Musicien, chanteur, auteur d’un livre pour enfants, il est aussi photographe. Il expose jusqu’au 30 mars dans le café Mlyn ses Figures éphémères.

« Elles sont, pour une bonne partie de l’exposition, prises essentiellement dans des nuages qui par essence, ne durent et ne passent que quelques instants. Mon idée principale est de faire un lien entre ces figures, ce qu’on peut y reconnaître et mes recherches qui sont orientées vers la reconnaissance automatique de formes dans les images pour des applications qui peuvent être industrielles ou médicales ou relativement larges dans la société actuelle. »

Donc le visuel est très important pour vous, la photographie, est-ce quelque chose qui a toujours été important pour vous ? Cette exposition est-elle la première ?

« J’ai déjà fait quelques expositions en France, essentiellement en Bourgogne pour l’instant. Sur Dijon, là où j’enseigne et je fais de la recherche. La photo j’en fais depuis l’âge de 10-11 ans à peu près. J’ai commencé comme pas mal d’amateurs avec un petit laboratoire à la maison et à faire du développement en noir et blanc relativement classique. Il y a deux ans j’ai franchi le pas du numérique avec lequel je travaille dans mon domaine professionnel depuis longtemps. Je l’ai franchi pour le côté plus artistique. Ca m’a ouvert de nouveaux horizons. J’avais fait des expositions intitulées Verre et lumière, qui consistaient à prendre des photos d’objets en cristal, beaucoup de cristal de Bohême notamment, avec des orientations d’éclairage un peu particulières qui donnaient des photos assez abstraites qu’on peut découvrir éventuellement sur mon site. Après ces travaux sur le verre et la lumière, j’ai souhaité donner plus de lien avec mes activités de reconnaissances de formes, j’ai donc utilisé la possibilité du numérique au niveau des nuages et des drapés qui sont un autre aspect de l’exposition. »

Restons sur les nuages : ça a un côté très poétique. De nombreuses personnes, enfants ou même maintenant, regardent les nuages et y voient des formes comme des animaux ou des personnages... Est-ce un peu cela que vous avez-vous capter ?

« C’est exactement ce type d’approche. Si on considère l’aspect plus scientifique des choses, on peut dire que l’être humain est doué de facultés de reconnaissance extrêmement performantes pour reconnaître ses amis, ses ennemis, les dangers qui l’entourent. Et ces performances peuvent aussi se « retourner contre lui » si l’on veut quand il perçoit des formes qui n’en sont pas. Ca peut être dans les nuages, ça peut être parfois dans l’eau. Ici, dans les nuages, j’ai choisi des formes qui sont plutôt poétiques. Je ne les ai pas toujours choisies, il y a aussi une bonne part de chance puisqu’il faut être là au bon moment. On peut voir des formes comme un loup, un cheval, un singe ou une tête d’hippopotame... des formes plutôt paisibles et poétiques et qui vont bien avec le milieu de l’enfance. Je pense qu’elles pourraient servir à illustrer des livres pour enfants, pourquoi pas ? »

Suite de la rencontre dans Culture sans frontières.