Ski nordique - Mondiaux de Liberec : à 13 ans, la Française Colline Mattel est le grand espoir du saut à ski féminin

Photo: Michaela Vondrášková, www.skoky.net

Pour la première fois dans l’histoire des Championnats du monde de ski nordique, un concours de saut à ski féminin s’est tenu vendredi dernier à Liberec. Une grande première qu’a illuminée de son talent une petite Française de 13 ans.

Lindsey Van,  photo: CTK
Depuis mercredi dernier et jusqu’à dimanche prochain, les 50es Championnats du monde de ski nordique battent leur plein à Liberec, en Bohême du Nord. L’élite mondiale du ski de fond, du combiné nordique et du saut à ski est donc réunie à une centaine de kilomètres au nord de Prague. Les meilleures spécialistes du saut à ski féminin sont également présentes puisque, pour la première fois dans l’histoire des Mondiaux, 39 sauteuses en provenance de 13 pays ont participé, vendredi dernier, au concours organisée sur l’un des deux tremplins construits pour les championnats. Avec deux sauts à 89 et 97,5 mètres, l’Américaine Lindsey Van est devenue la première championne du monde de la discipline. Mais c’est une jeune Française qui a été la sensation du concours. Agée de seulement 13 ans, Colline Mattel s’est en effet classé cinquième du premier grand rendez-vous international seniors. A l’issue de la première manche et de son premier saut à 90 m, la plus jeune participante des Mondiaux figurait en troisième position, un classement qui lui assurait alors provisoirement une médaille de bronze. Malgré son vol préalable très bien maîtrisé techniquement, Colline Mattel restait toutefois les pieds sur terre :

« C’est assez difficile pour faire un bon saut. Mais ce premier saut est bien meilleur que mon saut d’essai avant le début du concours. Par rapport aux conditions météo, je pense donc que c’est plutôt un bon saut. La barre est assez basse et à cause de la neige qui n’arrête pas de tomber, on n’a pas beaucoup de vitesse dans l’élan. Et puis nous avons un vent arrière, ce qui ne nous aide pas beaucoup car il nous rabat sur la bosse. »

-Que penses-tu de ce nouveau tremplin de Liberec ?

« Personnellement, je l’aime bien. C’est ici que j’ai vraiment bien sauté pour la première fois en Coupe continentale l’automne dernier. »

Malheureusement pour la Haute-Savoyarde de 1,57 m pour 45 kilos, la seconde manche lui a été moins favorable. Après avoir fait jeu égal avec les meilleures, Colline Mattel est cette fois atterrie à 87,5 m, soit dix de moins que le vainqueur, Lindsey Van. Pas déçue pour autant d’être passée si près d’une médaille et encore très émue par sa performance à la sortie de son contrôle antidopage, Colline Mattel était presque au bord des larmes au moment de confier ses impressions devant les quelques journalistes français présents à Liberec :

« Je savais que les autres filles n’allaient pas faire moins bien au deuxième saut. Elles sont fortes et c’est pourquoi je pense qu’il aurait été assez difficile de faire une place sur le podium. Mais je suis quand même très contente de ce que j’ai fait. »

-C’est mieux que la troisième place aux Mondiaux juniors ?

« Oui ! J’ai progressé toute la saison et là, c’est le mieux que je puisse faire. C’est vraiment ici qu’il fallait faire quelque chose, alors je ne peux pas être déçue. Je n’en ai surtout pas envie. Si je le suis, ça gâchera la réussite. »

-Tu t’es « éclatée » toute la semaine : il y a d’abord eu des sauts à 100 m et 99m à l’entraînement, ça a été exceptionnel, non ?

« C’est vrai que j’ai prouvé ce que je suis capable de faire. Il y a eu des plus mauvaises choses aussi, mais ça reste très bien. »

-Comment as-tu vécu l’attente entre les deux manches ?

« J’étais un peu stressée, mais ça allait quand même. De toute façon, il faut sauter et faire du mieux possible. Je pense que ça ne s’est pas trop mal passé. J’ai pensé au podium, mais cette cinquième place n’est pas du tout décevante. C’est le mieux que je puisse donner à l’équipe de France féminine pour qu’on puisse développer le saut en France. »

-Il s’agissait de tes premiers grands championnats ? Maintenant que tu y as goûté, tu as envie d’aller jusqu’où ?

« Mon rêve, c’est bien sûr les Jeux olympiques. Le fait qu’il y ait ces premiers Championnats du monde, c’est déjà un bon début. A mon avis, on peut y aller. J’ai envie de faire en sorte que l’on se retrouve à la même hauteur que les hommes. Et sur un plan personnel, j’ai d’abord envie du mieux que je peux. Et on verra jusqu’où ça me mène. »

-Que retiendras-tu de ces Mondiaux ?

« Que du bon ! Pour moi, c’est une grande première. Je pense que je peux faire encore mieux. Mais il ne faut pas trop penser aux résultats, il faut d’abord se faire plaisir. Et c’est ce que je compte bien faire. Pour cette fois, je suis contente de ce que j’ai fait et c’est le plus important. »

Pour Colline Mattel et les filles de l’air, l’important désormais sera également d’être reconnu comme discipline olympique. Pour l’heure, les dirigeants du CIO ont refusé d’inscrire le saut à ski féminin au programme des Jeux de Vancouver l’année prochaine, argumentant du fait que le nombre de pays en lice était encore insuffisant. Une chose est sûre en tous les cas : deux ans seulement après avoir pris part à sa première épreuve de Coupe continentale et après sa médaille de bronze décrochée début février aux Championnats du monde juniors, Colline Mattel pourrait rapidement faire naître de nouvelles vocations en France si elle poursuit sur sa lancée.