Du plus court au plus long
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Pour cette fois, nous entamons une autre série de « Tchèques du bout de la langue joueurs », que nous inaugurons avec les mots les plus courts et les plus longs. Bon amusement – Dobře se bavte !
Il y a aussi des consonnes qui font partie du top 50 des mots tchèques – c’est par exemple le cas de « s » - « avec », de « v » - « dans », ou de « z », qui signifie « de » et sert à exprimer l’origine. Attention toutefois, ces mots les plus courts peuvent doubler de volume selon le mot qui les suit, devenant „se“, „ve“, „ze“, pour faciliter leur prononciation. Ainsi, on dit „jdu s tebou“ - « je vais avec toi », mais „jdu se Soňou“ - « je vais avec Sonia ». De même, « žiji v Praze » - « je vis à Prague », mais « žiji ve městě » - « je vis en ville », et enfin « jsem z Francie » - « je viens de France », mais « jsem ze Španělska » - « je viens d’Espagne ».
Et puisqu’on a évoqué les mots les plus courts, vous êtes certainement curieux de savoir quels sont les mots les plus longs… Il y en a plusieurs et ce sont des adjectifs au superlatif qui ne figurent certainement pas au top 50 des mots les plus fréquemment utilisés par les Tchèques. Par exemple, sauriez-vous prononcer d’un souffle le mot nejnerozradostňovávatelnějšími ? Ou bien nejzdevětadevadesáteronásobitelnějšími ? Essayons de décortiquer le sens du premier mot : dans nejnerozradostňovávatelnějšími, on distingue au centre du mot « radost » - la joie. Elargissons un peu le mot pour trouver « rozradostňovávat ». On reconnaît ici « rozradostněný“, qui signifie „égayé“ dans un sens actif, à savoir être égayé par quelque chose qui nous égaye – « rozradostňovat ». La différence entre « rozradostňovat » et « rozradostňovávat » exprime la durée, la répétition, plus grande dans la deuxième forme que dans la première. Et si « rozradostněný » est l’égayé, celui qui égaye est, lui, le « rozradostňovávatel », le suffixe « –tel » servant à exprimer l’activité (ainsi « učitel » est l’enseignant, celui qui « učí » - enseigne, et « ředitel » est celui qui « řídí » - dirige, le directeur, etc.). Et son adjectif dérivé est « rozradostňovávatelný », ouf, on y est presque… Reste à ajouter la négation « ne », les superlatif « nej » en tête et « -nější » en bout de mot, encore une petite déclinaison pour ajouter deux lettres, le « –mi » final, et on a notre fameux mot : « nejnerozradostňovávatelnějšími », qui avec la déclinaison signifie donc quelque chose comme « par celui qui n’égaye pas le plus », en d’autres mots, « par celui qui égaye le moins ». Ouf… (ou « ufff » en tchèque) – vous en avez assez ? Plusieurs mots d’une longueur comparable sont possibles en tchèque, et le deuxième que nous avons évoqué, « nejzdevětadevadesáteronásobitelnějšími », signifie quelque chose comme « par celui qui se multiplie le plus par quatre-vingt-dix-neuf » Et remarquons une chose : si on pouvait coller tous ces mots en français, le résultat serait lui aussi bien plus long qu’anticonstitutionnellement...Enfin, impossible de vous quitter sans évoquer le nom de ville tchèque le plus nom, composé il est vrai de deux noms, Brandýs nad Labem - Stará Boleslav, et surtout son adjectif dérivé particulièrement savoureux : « labskobrandýskostaroboleslavský » ! Bref, un mot à vous faire regretter d’être né dans un endroit pareil…
Et c’est sur cet adjectif que les pauvres habitants de Brandýs nad Labem - Stará Boleslav doivent avoir du mal à prononcer que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue », consacré aux mots tchèques les plus courts et les plus longs. Il ne nous reste qu’à vous souhaiter de vous porter du mieux possible – mějte se co nelíp !, de porter le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !