Cruelles retombées de la crise financière sur les travailleurs étrangers en Tchéquie

Le ministère du Travail et des Affaires sociales a publié, au début de l’année, les statistiques concernant le taux de chômage en République tchèque. Au cours du mois de décembre, ce taux a connu une hausse record et atteint 6 % au début de l’année 2009. Ce sont les travailleurs étrangers qui sont les plus touchés par la crise et les licenciements qui en découlent.

Lorsque le ministère de l’Intérieur a publié, fin décembre, la liste des pays dont les ressortissants pourront bénéficier de la carte verte pour trouver plus facilement un emploi dans de meilleures conditions, certaines critiques s’étaient déjà faites entendre, car le Vietnam, par exemple, en est exclu alors que les membres de cette communauté sont nombreux en Tchéquie. On écoute à ce sujet le président de l’Association tchéco-vietnamienne, Marcel Winter :

« Cette décision va seulement aider les intermédiaires vietnamiens des milieux mafieux qui organisent l’arrivée de leurs compatriotes en Tchéquie en leur soutirant plus d’un demi-milliard par an en pots de vin. »

La corruption dans les milieux étrangers lors de la procédure d’obtention des permis de séjour ou de travail n’est qu’une face du problème. Beaucoup plus grave est l’autre face : la situation désespérée des travailleurs étrangers qui sont licenciés et se retrouvent non seulement sans aucun moyen de subsistance, mais aussi sans aucun argent pour pouvoir éventuellement rentrer chez eux où se trouvent leurs familles qui se sont souvent fortement endettées pour leur payer le voyage en Tchéquie. Par exemple, à České Budějovice, en Bohême du Sud, des ressortissants mongols se sont non seulement retrouvés sans emploi, mais aussi à la rue. Irina Mečířová, du Centre multiculturel de la ville, nous décrit leur situation :

« Il n’ont pas d’argent, ni pour téléphoner ni pour se loger ni même pour acheter un billet d’avion pour rentrer chez eux. Ils n’ont plus rien. »

Leur situation est vraiment des plus précaires et elle est encore plus grave sur le plan législatif. Explications de l’avocat David Řezníček :

Photo: Archives de Radio Prague
« Dans le cas où ils ne trouveront pas de travail, leur situation deviendra très compliquée et deviendra illégale et, dans ce cas, la seule solution possible sera l’expulsion administrative, donc une sanction pour quelque chose dont ils ne sont pas responsables. »

Ce n’est pas un cas isolé, car les entreprises tchèques frappées par la crise financière licencient en premier lieu les employés qui ne sont pas sous contrat direct avec elles, en majeure partie justement des ressortissants étrangers. Le ministère de l’Intérieur examine les possibilités de faire endosser une plus grande responsabilité aux agences qui organisent la venue des travailleurs étrangers en République tchèque. En cas de licenciement, elles devraient leur trouver un autre emploi ou assurer leur retour au pays dans des conditions décentes.