Avec l’organisation du Mondial, les Tchèques attendent un nouveau boom du floorball
La plus importante manifestation sportive organisée en République tchèque cette année a démarré, samedi dernier, à Ostrava, en Moravie du Nord. Vingt pays participent au Championnat du monde de floorball avec pour objectif de succéder à la Suède, l’unique nation jamais sacrée depuis le premier Mondial disputé en 1996. Sport inconnu ou presque il y a encore quelques années de cela, le floorball, aussi appelé unihockey en Suisse, est aujourd’hui devenu un véritable phénomène. Les jeunes Tchèques, garçons et filles, sont en effet désormais aussi nombreux à pratiquer le floorball que le hockey sur glace, sport pourtant traditionnel auquel il ressemble le plus.
« En République tchèque, les sports collectifs, notamment le hockey sur glace et le football, ont toujours été très populaires. L’avantage du floorball est qu’il ressemble beaucoup au hockey, à la différence par exemple du volley ou du basket qui sont certes aussi très pratiqués mais n’ont rien à voir avec le hockey ou le foot. Par rapport au hockey, qu’on peut voir et dont on entend parler partout en République tchèque, le floorball est quelque chose de nouveau. Forcément, il attire la curiosité. Il y a beaucoup de buts et le jeu est très varié. C’est ce qui rend le floorball intéressant pour les gens. »
« Fun et moderne » comme il est souvent défini, le floorball est un sport indoor de crosse qui oppose deux équipes de cinq joueurs auxquels s’ajoute un gardien de but. Inspiré notamment du hockey sur glace, les patins, les nombreuses protections et les contacts physiques en moins, le floorball est devenu depuis sa création en Suède au début des années 80 une discipline à part entière. Le but de ce jeu aux règles très simples est de faire pénétrer une petite balle creuse en plastique dans le but adverse. Plus de précisions avec un autre joueur de l’équipe nationale tchèque, Aleš Jakůbek :« Le floorball est vraiment un sport simple qui n’est pas exigeant. Sa pratique favorise le développement moteur des enfants mais aussi l’habilité gestuelle de tout joueur même adulte. Ce que certains joueurs savent faire de la balle avec leur crosse est parfois extraordinaire. Toute personne qui a déjà vu un match peut confirmer que c’est un sport rapide et extrêmement dynamique. Il y a beaucoup de buts marqués, ce qui est forcément attirant pour les spectateurs. Je pense que c’est un sport conçu pour que les spectateurs passent du bon temps. »
Gros avantage du floorball, il suffit pour y jouer d’une crosse qui ne coûte que quelques dizaines d’euros et d’une paire de baskets. Un élément déterminant qui explique en partie son succès, selon l’international tchèque Tomáš Trnavský :
« Ce sport plaît aux gens parce qu’à la différence d’autres disciplines comme le hockey sur glace, il est accessible à tout le monde financièrement. Les équipements ne coûtent pas grand-chose et je pense que c’est un élément dont les parents tiennent compte lorsqu’ils veulent que leurs enfants fassent du sport. Le floorball plaît d’ailleurs beaucoup aux enfants. Ils sont nombreux à s’y mettre et ce sport devient vite une passion. Les jeunes voient aussi qu’ils ont la possibilité de progresser progressivement, et comme c’est un sport encore relativement jeune, ils peuvent espérer un jour jouer en équipe nationale ou en première division. C’est un des avantages de ce sport. »Vice-championne du monde en 2004, la République tchèque compte avec les pays nordiques que sont la Suède, la Finlande et la Norvège parmi les nations majeures du floorball. Le succès est tel que pour le Championnat du monde, la Télévision tchèque diffuse en direct tous les matchs de l’équipe nationale, les demi-finales et la finale. Autre symbole fort, ces derniers matchs se disputeront à Prague, dans l’ultramoderne O2 Arena spécialement construite pour le Mondial de hockey sur glace en 2004. Et les organisateurs tchèques comptent bien remplir les 17 000 places et ainsi battre le record du monde du plus grand nombre de spectateurs ayant assisté à un match de floorball. Un record jusqu’à présent détenu par la Suède avec plus de 15 000 personnes. Radim Cepek est d’ailleurs résolument optimiste :
« Aujourd’hui, le floorball a rattrapé des sports comme le volley ou le handball. Il y a au moins autant de monde dans les salles pour suivre les matchs. Il y a aujourd’hui un vrai intérêt médiatique qui existe en République tchèque pour notre sport. C’est indispensable pour son développement. Et puis son gros plus est qu’il est de plus en plus pratiqué dans les écoles du pays. Les enfants tchèques jouent beaucoup plus au floorball. »Autre joueur participant au Mondial tchèque, Tomáš Sladký voit, lui, encore plus loin :
« Ce qui me fait plaisir, c’est que le boom du floorball ne dure pas seulement l’espace d’un mois ou six mois, mais qu’il existe depuis au moins cinq ans. Il faut que ça continue encore après le Championnat du monde et il faudra profiter de cette organisation en République tchèque pour attirer encore plus de jeunes. Il faut être patient, mais je pense que même s’il ne déchaînera jamais les passions du public comme le hockey ou le football, le floorball peut devenir le troisième sport collectif dans les dix prochaines années. »
Et si les Tchèques ont le bonheur d’être sacrés champions du monde dimanche prochain devant leur nombreux public, on peut même penser qu’il faudra moins de dix ans au floorball pour rattraper son cousin, le hockey sur glace.