La bière tchèque est désormais une Indication Géographique Protégée
A partir de ce jeudi, la bière allongera la liste des quelques produits alimentaires tchèques bénéficiant du label européen d’Indication Géographique Protégée (IGP). La République tchèque devient ainsi le premier pays de l’Union européenne à se voir attribuer le label protecteur pour sa bière, source traditionnelle de fierté pour les Tchèques.
Jusqu’à aujourd’hui, en effet, la Commission européenne n’avait enregistré sous le même signe d’identification que la bière de Bavière, soit une région, même si de nombreuses marques de différents pays possèdent aussi une Appellation d’Origine Protégée. Le label d’Indication Géographique Protégée est, lui, attribué par l’UE à certains produits agricoles ou alimentaires spécifiques ayant un lien avec leur origine géographique afin d’assurer leur protection à l’intérieur des frontières des Vingt-sept.
Les brasseurs tchèques sont donc parvenus à leurs fins après plusieurs années de lobbying à Bruxelles. Président de la Fédération tchèque des brasseries et malteries, Jan Veselý explique à quand remonte cette volonté de clairement distinguer la bière tchèque des autres produits brassicoles en Europe :
« L’Institut de recherche de brasserie et de malterie à Prague a réalisé il y a quelques années deux études différentes de nombreuses bières du monde entier pour en arriver à la conclusion que la bière tchèque possède véritablement certaines caractéristiques qui lui sont propres, notamment pour ce qui est de son taux de polyphénols et de ce qu’on appelle sa ‘buvabilité’. Ces caractéristiques et d’autres encore différencient les bières tchèques des autres bières. Aujourd’hui, l’Institut de recherche est donc en mesure à partir d’un échantillon inconnu de déterminer avec une probabilité de 95% s’il s’agit de bière tchèque ou non. C’est cela qui nous a amenés à définir ce phénomène. Et nous l’avons défini à partir du lieu où il est produit, des matières qui sont transformées pour son élaboration, du processus technologique qui conserve une approche traditionnelle et, bien entendu, aussi et avant tout à partir des résultats gustatifs ou de laboratoire de ces produits qu’on appelle bière tchèque. »Toutefois, toutes les bières tchèques ne recevront pas le label IGP. Pour cela, en effet, les brasseries doivent respecter certains critères de production très précisément décrits dans la demande adressée aux autorités européennes, comme le précise Jan Veselý :
« Les brasseries doivent, par exemple, utiliser un pourcentage minimal déterminé de houblon tchèque et de malt de type tchèque. Ensuite, elles doivent conserver le système classique de brassage par décoction et nullement le système moderne d’infusion très utilisé dans le monde, ainsi que deux phases bien distinctes de fermentation, et ainsi de suite… Il y a encore bien d’autres conditions à respecter que l’Inspection tchèque de l’agriculture et de l’alimentation s’est engagée à contrôler en tant qu’organe d’Etat garant de l’objectivité. »
Ainsi, les bières à faible teneur en alcool, inférieure à 3,8°, et inversement les bières dites « spéciales » dont le taux d’alcool est supérieur à 6° ne devraient pas pouvoir se vendre sous le label « bière tchèque », leur mode de production ne répondant au brassage traditionnel. Rappelons cependant que quatre bières tchèques bénéficient également déjà d’une Appellation d’Origine Contrôlée depuis 2004 et l’adhésion de la République tchèque à l’UE.