Jiří Kylián, figure de proue de la danse moderne
Jiří Kylián considère la danse comme le moyen le plus ancien d’expression artistique de l’homme, plus ancien que la musique, le chant ou la peinture. Il danse depuis l’âge de neuf ans et aujourd’hui il figure dans la dizaine de meilleurs chorégraphes au monde. Ce mardi, au Festival international de la danse contemporaine à Venise, il a reçu le Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre.
La carrière de ce danseur et chorégraphe de 61 ans a commencé au conservatoire de Prague, s’est poursuivie à Londres et à Stuttgart pour aboutir au Nederland Dans Theater à la Haye dont il allait devenir le directeur et le rendre célèbre dans le monde entier.
«Je suis au fond un homme très cosmopolite. Je pense que l’art appartient à tous et s’il y a une chose que je supporte mal, c’est l’art chauviniste. Et je cherche à mettre tout cela aussi dans mes chorégraphies.»
Est-il donc un artiste qui n’a pas besoin de chercher ses racines, un véritable citoyen du monde ?
«Je suis un chorégraphe tchèque qui travaille en Hollande. On ne peut rien y changer malgré le fait que notre famille n’est probablement pas purement tchèque. Déjà le nom Kylián n’est pas typiquement tchèque. C’était un saint irlandais qui est mort quelque part à Würzburg. Mais il paraît que les racines de ce nom sont en Arménie. Ma grand-mère provenait de Silésie donc du pays de Leoš Janáček et mon père était Tchèque, un Tchèque authentique de la famille Rohlíček de Bohême du Sud. Donc au moins cette partie de ma famille est purement tchèque.»
Et c’est justement la musique de Leoš Janáček qui est devenue pour Jiří Kylián la plus riche source d’inspiration. Il a créé des chorégraphies sur plusieurs œuvres de ce compositeur, mais aussi parc exemple sur la musique de Bohuslav Martinů, d’Igor Stravinski et de Claude Debussy. Il a réussi également à transformer le Nederland Dans Theater en un véritable atelier de la danse moderne. William Forsythe et beaucoup d’autres chorégraphes qui sont aujourd’hui très célèbres, comme Ohad Naharin, Mats Ek, Paul Lightfoot ou Nacho Duato ont en fait commencé leurs carrières, comme il dit, « dans sa cuisine ». Le choix et la diversité de chorégraphes que Jiří Kylián a invités dans son théâtre étaient si larges qu’ils ont touchés pratiquement tous les grands courants chorégraphiques de l’époque. Aujourd’hui encore il travaille pour ce théâtre bien qu’il en ait déjà confié la direction au Suédois Anders Hellström, mais ses œuvres sont déjà entrées dans le répertoire de troupes de danse dans le monde entier.
«La présentation de mes chorégraphies dans le monde est assez difficile. Cela dépend évidemment du niveau des danseurs mais aussi des possibilités techniques des théâtres où ces œuvres sont montées. On présente trop souvent mes chorégraphies dans le monde et je n’ai malheureusement pas le temps d’aller dans tous ces théâtres et de donner les dernières retouches à ces productions. Je me laisse souvent convaincre de confier mes chorégraphies à d’autres troupes et j’aimerais y assister. Mais je n’y arrive pas toujours.»
Jiří Kylián a confié également plusieurs de ses chorégraphies à des troupes tchèques. Une salle de ballet à Prague porte son nom.