Les archives de la Radio tchèque conservent les voix d’hommes qui ont parlé sur ses ondes …
Le 18 mai dernier, la Radio tchèque a fêté le 85e anniversaire de ses émissions radiophoniques régulières. Après la BBC de Londres et les émissions diffusées à partir de la tour Eiffel à Paris, la station du Radiojournal de Prague devenait la troisième en Europe à posséder ses émissions quotidiennes. Il y a quinze jours je vous ai proposé des extraits d’enregistrements audio des voix de personnalités françaises venues dans les studios du Radiojournal dans les années 1930. Aujourd’hui je voudrais vous proposer d’autres voix conservées dans nos archives.
« Le surréalisme, c’est par définition, l’automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée… »
Vous écoutez André Breton, arrivé à Prague au printemps 1935, à l’invitation du poète Vítězslav Nezval qui, à l’instar des surréalistes français, a créé le groupe surréaliste tchèque. André Breton a donné à Prague plusieurs conférences pour expliquer au large auditoire tchèque les bases du mouvement qu’il représentait :
L’instauration de la législation du travail tchécoslovaque inspirée des idéaux démocratiques, mais aussi les progrès techniques et le chômage ont été évoqués par Harold Buttler, directeur du Bureau international du travail à Genève dans son discours prononcé à la Radio tchèque le 8 novembre 1932 :
« Je suis très heureux de pouvoir, par l’intermédiaire de Radio Prague, parler au grand public tchécoslovaque. Dès ses débuts, la République tchécoslovaque s’est efforcée d’établir la législation du travail inspirée des idées les plus modernes et les plus progressistes. Dès la création de l’Organisation internationale du travail, la Tchécoslovaquie lui a apporté une collaboration active et dévouée. La structure sociale du pays s’est maintenue ferme au milieu de la crise économique, la plus grave que le monde ait jamais connue. Cette crise est actuellement la préoccupation essentielle du Bureau international du travail. A l’heure actuelle, plus de 25 millions de travailleurs sont sans emploi. Avec leurs familles, cela représente une centaine de millions de personnes privées de ressources normales. L’invention de nouvelles machines qui économisent la main d’œuvre, le perfectionnement des méthodes de production a eu sans doute pour effet d’augmenter le confort et le bien-être des masses ouvrières. Mais il ne faut pas oublier qu’il a eu en même temps pour résultat de priver de travail un très grand nombre de travailleurs. Je ne citerai qu’un seul exemple tiré de votre pays : l’introduction des machines dans l’industrie du verre a eu pour effet de jeter hors de l’usine près de 2000 travailleurs qualifiés dont un très grand nombre seront sans doute incapables de trouver un autre emploi. Devant un tel problème, l’Organisation internationale du travail ne pouvait rester indifférente et inerte. »
Les archives sonores de la Radio tchèque conservent aussi la voix de Joseph Paul-Boncour, qui s’est rendu à Prague, en été 1937. Il était ministre français des Affaires étrangères jusqu’en 1938 où il a tenté en vain d’imposer une politique de fermeté face à Hitler. Son discours à la Radio tchèque avait pour thème la Société des nations :« Vous me demandez pourquoi nos associations pour la Société des nations se sont réunies. Pourquoi elles se sont réunies ici et à cette date. Nous nous sommes réunis ici, en Tchécoslovaquie, parce qu’il nous est apparu qu’après les violations des traités de Locarno de l’année dernière, et de la réoccupation militaire de la rive gauche du Rhin, après les affaires d’Espagne où la guerre civile se développe en une véritable guerre étrangère, la répétition de certaines menaces désigne la Tchécoslovaquie comme le lieu possible d’entreprise semblable. Or la sagesse de son gouvernement, l’union de tous les partis au sein de ce gouvernement, l’ordre parfait qui règne dans ce pays enlève tout prétexte à une immixtion étrangère dans ses affaires intérieures. C’est donc ici que se pose dans toute sa clarté la question de savoir si oui ou non, les grands Etats responsables en fin de compte de l’ordre européen, marqueront leur volonté de ne pas laisser se renouveler en Europe centrale ce qui s’est passé en Rhénanie et en Espagne au cours des 18 mois qui viennent de s’écouler. La paix peut parfaitement être sauvée, les forces de paix sont encore supérieures aux forces de guerre, il suffit que les Etats membres de la Société des nations affirment leur volonté de pratiquer entre elles l’assistance mutuelle sous toutes ses formes, économiques d’abord, mais aussi, s’il le faut, militaire, aérienne et navale et qu’ils le fassent savoir sans ambiguïté à l’agresseur possible. Dire enfin non aux entreprises de la force - voilà les résolutions que nous allons emporter dans nos pays respectifs. »