Quelles visions d’Europe ?
L’Union européenne : avec ou sans finalité ? Quelles politiques communes ? Avec ou sans frontière ? Autant de sujets qui ont été traités lors du colloque Visions d’Europe que Prague accueillait ces lundi et mardi. Radio Prague a demandé à l’un de ses participants, Jean-Louis Bourlanges, homme politique et essayiste, qui avait démissionné de son mandat européen en 2007 pour marquer son mécontentement vis-à-vis du manque d’ambition de l’Union européenne, sur quoi devrait se concentrer le débat européen.
« Certains disent que l’Union européenne n’est pas démocratique. Je crois que c’est faux. Les institutions que nous avons, notamment avec le Traité de Lisbonne qui va prendre forme, montrent qu’elle est démocratique. En revanche, je crois que l’Union européenne a un vrai problème d’identité, c’est-à-dire qu’elle est composée d’Etats qui ne savent pas très bien ce qu’ils sont supposés faire ensemble. Et là, ils cherchent ce qui est le plus important. Est-ce que c’est l’énergie, est-ce que c’est l’immigration, est-ce que c’est la défense. Il y a tout un débat qui n’est pas du tout terminé qui est en cours et tant que les Européens n’auront pas clos ce débat, ils auront les uns et les autres un rapport d’incertitude, des frustrations à l’égard de l’Union européenne. Donc il s’agit de définir aujourd’hui des objectifs relativement clairs. Par exemple, une politique de l’immigration commune. Pourquoi ? Nous avons la libre circulation des personnes sur tout le territoire de l’Union. Il serait donc anormal que chacun des Etats membres ait une politique particulière d’admission des étrangers sur son territoire. Voilà quelque chose qu’on doit faire ensemble. En matière énergétique, c’est plus difficile, mais il faut faire quelque chose. En matière de défense, nous devons améliorer l’outil non pas pour s’opposer aux Etats-Unis, mais pour agir là où les Etats-Unis se retirent de plus en plus des affaires européennes et atlantiques pour se concentrer sur le Moyen-Orient et sur le Pacifique, là où les Américains ne peuvent plus agir. Il est évident que dans les Balkans, par exemple, s’il y a un problème, c’est aux Européens de le régler, ce n’est pas aux contribuables américains d’intervenir. Donc nous devons avoir un outil beaucoup plus adapté à cela. Nous devons avoir une stratégie et ça c’est très difficile, une stratégie commune vis-à-vis des Russes, parce que tous les problèmes sont posés, les problèmes des droits fondamentaux, les problèmes de l’approvisionnement énergétique. Là nous devons définir une politique commune et c’est très difficile. Et nous devons aussi, et cela me paraît plus faisable, adapter notre politique agricole pour répondre plus efficacement aux besoins alimentaires mondiaux qui se sont manifestés ces dernières années pendant longtemps. Beaucoup d’Européens, pas les Français, pas les Polonais, mais beaucoup d’Européens avaient cru que l’Europe produisait trop de produits agricoles et on aperçoit aujourd’hui que ça n’est pas vrai. Mais en revanche il ne faut pas que la politique, la production agricole européenne empêche les agricultures africaines par exemple de se développer. C’est ça les grands débats de l’Europe aujourd’hui ».