Slavia - Sparta : un derby dont seuls les hooligans sont sortis vainqueurs
Le derby pragois entre le Slavia et le Sparta s’est achevé sur un match nul (1-1) à l’occasion de la 23e journée du championnat de République tchèque de football. Un partage des points qui laisse les deux équipes à leurs positions respectives, le Slavia restant leader avec deux points d’avance sur le Sparta. Mais la plus belle affiche que peut proposer le football tchèque a été émaillée de graves incidents avant et pendant la rencontre.
Sièges arrachés, fumigènes et pétards lancés faisant ressembler la piste d’athlétisme à un champ de tir, charges des forces de l’ordre dans les tribunes, coups de matraque, supporter traversant le terrain pendant le match, crânes rasés hurlant insultes et chants racistes, match interrompu par l’arbitre avant de reprendre dans la confusion : comme on le redoutait avant le coup d’envoi, la rencontre au sommet entre les deux plus grands clubs tchèques a été gâchée par la violence, le vandalisme et la haine. Présenté comme un tournant peut-être décisif dans la course au titre de champion à six journées de la fin du championnat, disputé dans une enceinte à guichets fermés et sous le soleil, le traditionnel derby pragois, le 267e de l’histoire, avait pourtant tous les ingrédients pour faire une belle fête. Les pères de famille qui avaient emmené leurs fils le pensaient sans doute aussi. Le spectacle des tribunes et des policiers montés à cheval et accompagnés de chiens autour de l’enceinte les fera désormais certainement réfléchir à deux fois avant de retourner dans un stade. De fête, il ne fut donc jamais question dans ce match. Dans l’après-midi, les supporters du Sparta s’étaient déjà fait remarqués en ville, provoquant des bagarres dans des brasseries et brisant les vitres d’un tramway. Un autre groupe, le principal, composé d’environ 700 éléments, s’était, lui, rendu au stade du Slavia, escorté par la police. En chemin, les fans ont notamment scandé des slogans antisémites sous les fenêtres de l’ambassade d’Israël. Au total, les 600 policiers réquisitionnés pour ce match à hauts risques ont procédé à 26 arrestations. 16 blessés ont également été dénombrés. Difficile dans ces conditions de faire un autre bilan d’un match qui, pour le reste, n’a pas entièrement tenu ses promesses sur le terrain. Pendant longtemps, notamment en première mi-temps, les deux équipes ont été bloquées par l’enjeu. L’ouverture du score pour le Slavia en début de seconde période par David Kalivoda, expulsé dans la foulée pour avoir manifesté sa joie en enlevant son maillot, aurait pu débloquer la situation et emballer le match. Mais le Sparta remit les pendules à l’heure un quart d’heure plus tard et les supporters se chargèrent ensuite de se divertir eux-mêmes, la fin de rencontre devenant alors secondaire. Au final, donc, un match nul qui n’arrange aucune des deux équipes mais leur permet cependant de conserver toutes leurs chances. Et après Ludovic Sylvestre avec le Sparta la saison dernière, Mickaël Tavares et Tijani Belaïd, tous les deux titulaires dans ce derby, peuvent continuer d’espérer devenir les deux nouveaux Français sacrés champions de République tchèque, avec le Slavia cette fois.