A quand l’exposition de l’Epopée slave de Mucha à Prague ?
Prague risque une perte inestimable : le don de vingt toiles monumentales créées en 1928 par Alfons Mucha et léguées par l’artiste à la ville de Prague. En faisant ce don généreux, le peintre n’avait posé qu’une condition : que Prague construise un pavillon spécial où son œuvre majeure serait exposée. Soixante-huit ans après la mort de Mucha, ce pavillon fait toujours défaut, et Prague ne dispose plus que de deux ans pour accomplir le vœu formulé dans son testament.
Le mois de janvier 2010 est la date limite qu’Alfons Mucha avait fixée à Prague pour la construction d’un bâtiment spécial qui constitue un cadre convenable à l’exposition de la série de vingt toiles hautes de 8 mètres, dont les sujets se rapportent aux moments cruciaux de l’histoire des Slaves. Alfons Mucha a créé ces tableaux géants à l’occasion du dixième anniversaire de la création de la République tchécoslovaque indépendante, en 1928, et c’est cette année-là que cette œuvre sans égal a été présentée pour la première fois au public. En réalisant ce cycle, bien différent de l’ensemble de son oeuvre de graveur, affichiste de Sarah Bernard et l’un des artisans du style Art nouveau qui l’a rendu mondialement célèbre, Mucha a réalisé le rêve de sa vie : il espérait offrir à son pays une œuvre intemporelle retraçant l’histoire du peuple slave.
Où réside donc le problème qui fait traîner en longueur l’exposition de tableaux d’une telle valeur ? Il y a quatre ans déjà, la ville avait donné son feu vert à la construction d’un pavillon dans l’air du Parc des expositions, dans le quartier de Holešovice. Jusqu’à présent, le permis de construire n’a pas été délivré et si le service compétent de la municipalité de Prague ne l’obtient pas d’ici au 1er avril prochain, la procédure sera annulée, explique l’architecte Jindřich Smetana :
« Je ne perds pourtant pas l’espoir que la réalisation du pavillon puisse être achevée avec succès, il ne reste plus qu’à compléter tous les documents exigés par les autorités pour une demande de permis. »
Le conseiller responsable de la culture à la mairie de Prague, Milan Richter, se veut rassurant : Prague aura le pavillon dans les délais prévus, le seul problème qui se pose est celui de l’image du nouveau bâtiment :
« Nous sommes en train de discuter avec la fondation Alfons Mucha et les héritiers directs du peintre de l’aspect du bâtiment et de la façon dont les tableaux y seront installés, car Alfons Mucha avait une idée précise en ce qui concerne les locaux et l’installation des tableaux. »
Le projet du nouveau pavillon ne plaît pas au locataire du Parc des expositions, la société Incheba, entre autres raisons parce que la municipalité, qui souhaite aussi en faire un nouvel attrait touristique de la capitale, a proposé une construction en acier de formes futuristes, d’une hauteur dépassant celle de l’actuelle dominante du parc, le palais Industriel. C’est pourquoi Incheba propose d’aménager les locaux déjà existants, soit ceux du palais Industriel ou du pavillon Křižík. En attendant, le cycle de vingt tableaux de l’Epopée slave est à voir au château de Moravský Krumlov. La mairie entend déplacer les toiles à Prague à la fin de cette année où, au plus tard, au début de l’année prochaine.