Le pont Charles attire toujours de nombreux visiteurs
La première balade de l’année 2008 nous conduira sur le pont Charles, le monument le plus visité de Prague et l’un des endroits où les Pragois et les visiteurs de la capitale tchèque ont célébré l’arrivée de la Nouvelle année. La moyenne de 30 000 personnes qui y passent chaque jour a été dépassée pendant les fêtes de fin d’année, les travaux de restauration commencés en été dernier n’ayant pas limité la visite de ce plus vieux et le plus célèbre pont de Prague.
Le pont Charles a été construit à la place du premier pont en pierre à Prague fondé vers 1170 et appelé pont Judith d’après l’épouse du roi Vladislav 1er. A l'époque, c'était le second plus vieux pont d'Europe centrale, après celui de Ratisbonne, en Allemagne. Il a été emporté par les flots déchaînés de la Vltava en 1342. Les travaux de construction du nouveau pont ont commencé en 1357 et duré jusqu'en 1402. Appelé pont de pierre, il ne prendra le nom de Charles qu'en 1870. Construit en blocs de grès, il mesure 516 m de long sur 9,5 m de large et repose sur seize piliers. Selon Josef Stulc, conservateur de l’Institut national de protection du patrimoine, le pont est une oeuvre d'art à la valeur exceptionnelle:« Nous le devons à l'empereur Charles IV qui a réalisé que Prague avait besoin d'un nouveau pont en pierre à la place de l'ancien pont Judith et il a eu un bâtisseur de génie, Pierre Parler, constructeur de nombreuses cathédrales de par l’Europe y compris celle de Saint-Guy, au château de Prague. Grâce à lui, le pont a des proportions particulièrement belles qui font de lui un chef-d'oeuvre architectural. » Le pont a résisté à de nombreuses crues de la rivière, dernièrement en 2002. Une restauration s’est toutefois avérée nécessaire, car les inondations ont démontré les grands risques du pont qui, s’ils n’étaient pas éliminés, pourraient conduire à un accident pareil à celui de 1890 lorsque deux piliers et trois arches du pont se sont écroulées. Ainsi donc, peu après avoir célébré, le 9 juillet 2007, son 650e anniversaire, le pont est passé entre les mains des restaurateurs. L’objectif des travaux est d’empêcher le risque d’un écroulement, car le lit du pont formé de sable n'est pas suffisamment stable, et de doter le pont d'une hydroisolation parfaite. L’objectif est, aussi, de trouver un équilibre entre les interventions nécessaires et la protection du pont en tant que monument authentique: il ne s’agit nullement d’en faire un pont en béton moderne, une sorte de coulisse, dit Josef Stulc:
« Le pont est un ouvrage technique remarquable qui a fait preuve de ses qualités lors des nombreuses inondations qui l'ont frappé, au fil des siècles. L'objectif est donc de préserver son authenticité. »
L’authenticité du pont Charles réside dans la superbe décoration sculpturale baroque. L'idée d'installer cette galerie d'oeuvres plastiques en plein air était d'origine italienne: les auteurs s'inspiraient manifestement du pont des Anges à Rome, et la façon dont ils ont réussi à rallier la sombre et sévère architecture gothique du pont aux groupes de sculptures baroques a conféré à l'ensemble un caractère vraiment unique. Dans la première moitié du XVIIe siècle, seuls un Crucifix, un saint Jean Népomucène, une Pietà et un saint Venceslas ornaient le pont Charles. Les autres statues datent de la première moitié du XVIIIe siècle, les dernières oeuvres seront réalisées au XIXe. Un grand nombre de sculptures actuelles sont des copies reproduites dans le courant du XXe siècle pour préserver les statues originales. Aujourd'hui, la chaussée du pont Charles est bordée d'une allée de 30 statues et groupes sculptés, oeuvres d'artistes renommés et moins connus. Les touristes s'arrêtent longuement devant Saint-Jean-Népomucène. C'est un bronze réalisé par Jan Brokoff qui évoque des scènes de la vie supposée du saint: la confession de la reine et le moment où le corps du saint est jeté dans le fleuve, pour trahison prétend-on, du secret de la confession. Leur curiosité est attirée par le Crucifix et, surtout, par une inscription en hébreu que porte la croix et qui est tout à fait rare sur des monuments pareils. Elle rappelle une affaire de profanation: en 1695, un Juif aurait manifesté son mépris en passant devant le Crucifix et on l'a condamné alors à financer, en compensation de la diffamation, l'inscription hébraïque, en métal doré, placée haut de la croix, et qui signifie: Saint, Saint, Saint Dieu. Récemment, une inscription en tchèque, en anglais et en hébraïque a été installée au pied du Crucifix pour expliquer aux visiteurs la signification de l'inscription hébraïque originale. De nombreuses légendes circulent sur le pont Charles. La principale concerne son édification. On raconte que pour qu'il soit bien solide, les maçons ont ajouté au mortier des oeufs. Pour satisfaire ces besoins, des chariots chargés d'oeufs se dirigeaient à Prague de toutes les villes de la Bohême. Une légende qui s'est maintenue jusqu'à aujourd'hui dit que si l'on touche du doigt les plaques en bronze de la statue de Saint-Jean-Népomucène et la croix gravée dans la balustrade du pont marquant le lieu où le saint a été jeté dans la Vltava, tous nos désirs, même les plus secrets, seront accomplis. A en juger par la surface glacée et le lustre éclatant des deux points magiques, peu de visiteurs résistent à la tentation. Le pont a été fondé à une date magique: 5 h 31 serait l’heure exacte à laquelle l’empereur Charles IV a déposé, en 1357, la première pierre du futur pont. Un moment choisi par les astrologues qui, en observant la position du soleil et de Saturne ont décidé qu’il s’agissait du jour de l’année bénéficiant des meilleurs auspices. Et il paraît que Charles IV ne s’est pas trompé. Même 650 ans après, le pont portant son nom demeure le plus célèbre pont de Prague et l’une de ses principales attractions touristiques.10
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