Radio Notre-Dame à Prague pour présenter la vie spirituelle des Tchèques
A l’occasion de la Saint-Nicolas, célébrée par les Tchèques la veille au soir de la fête, Radio Notre-Dame, principale radio chrétienne en France, diffusait deux de ses émissions depuis Prague jeudi. L’occasion en ce début du temps de l’Avent d’évoquer divers sujets principalement liés à la vie religieuse et spirituelle en République tchèque, mais aussi certaines traditions et fêtes populaires à l’approche de Noël. A l’issue de la diffusion de leurs émissions, Anne Gavini et Louis Daufresne, journalistes à Radio Notre-Dame, nous ont expliqué les raisons de leur choix de Prague :
La République tchèque est l’un des pays parmi les plus athées en Europe. Au-delà de vos relations avec l’ambassade tchèque, Prague est quand même un choix particulier. Il y a peut-être d’autres pays ou régions en Europe qui étaient plus intéressants, non ?
L. D. : « C’est vrai que c’est un choix qui peut surprendre. Mais tout bien considéré, la République tchèque est aujourd’hui une terre de mission pour l’Eglise. C’est intéressant de voir comment ce pays a évolué depuis la chute du Mur de Berlin selon le mot de Jean-Paul II qui pensait que les sociétés de l’Est changeraient un peu la mentalité de l’Occident matérialiste. On s’est aperçu que c’est l’inverse qui s’est passé en vingt ans. Et pour nous, c’est important de comprendre comment ces sociétés ont évolué et quels sont les liens qui peuvent nous permettre de savoir comment l’évangélisation se passe ici, comment elle se passe en France et quels sont les enseignements que l’on peut en tirer. Il aurait été beaucoup moins inattendu pour nos auditeurs que nous allions en Pologne, qui est un pays relativement connu pour les catholiques, ou en Italie, où nous sommes bien sûr régulièrement. La République tchèque, la Bohême, a une histoire particulière avec notamment Jan Hus comme figure nationale qui s’est forgée contre le catholicisme. Ca nous paraissait donc intéressant de voir comment les choses avaient évolué sur cette terre et comment au cœur de l’Europe, puisque Prague est une ville qui incarne l’Europe centrale par excellence, la foi était encore présente ou absente au milieu de quantité d’églises, parce que c’est quand même la ville aux cent clochers. Tous ces clochers qui représentent une merveille, c’est aussi ce qui nous a fait venir. »Quels étaient les invités de vos émissions et qu’avez découvert en tant que Français ? Quels sont les témoignages qui vous ont marqué, peut-être surpris ?L. D. : « D’abord, la première chose, c’est que nos invités, comme Benedikt Tomas Mohelnik, représentant des dominicains en Bohême, un ordre enseignant comme on le sait, et Oldrich Selucky, qui a produit des films d’animation pour enfants notamment sur saint Paul, ne sont pas partis de la même constatation pessimiste que nous, qui sommes partis des chiffres. Les chiffres, c’est que 60 % des Tchèques se disent sans religion, ce qui, même pour un Français, est surprenant. Pour les mêmes sondages en France, on arrive à des chiffres beaucoup moins élevés. En France, 80 % des gens se diront chrétiens même s’ils ne vont pas à la messe. Ici, c’est 60 % dans le sens inverse. Nos invités partent toutefois du principe qu’il faut faire une distinction entre ces chiffres et la réalité intime vécue. Entre le déclaratif et ce que vivent les gens intérieurement, il y une marge. Il y a aussi une marge de progression importante, mais il faut s’intéresser à la qualité de la vie intérieure des gens, à la qualité de l’esprit, de la culture, bref à tout ce qui tire les gens vers le haut et qui ne se lit peut-être pas dans les statistiques. »