Les élections législatives en Russie étroitement suivies à Prague
Pas de surprise, constatent pratiquement à l’unisson les représentants politiques tchèques, en réaction à la victoire écrasante du parti de Poutine, Russie unie, aux législatives en Russie. Ils mettent également en cause – prudemment - certains aspects de leur déroulement, ce que font plus ouvertement les commentaires dans la presse tchèque qui réservent de longues pages à l’événement.
« Des critères d’une approche libre et équitable n’ont pas été remplis, pendant les élections législatives dans la Fédération de Russie », constate une déclaration publiée par le Ministère des Affaires étrangères. Celle-ci dénonce le fait que l’OSCE n’a pas pu jouer son rôle d’observateur et que la campagne électorale n’a pas mis en valeur les pratiques démocratiques… Une enquête effectuée à cette occasion par le quotidien Lidove noviny, donne la parole à plusieurs politiciens tchèques. Le Premier ministre Mirek Topolanek admet qu’il y a lieu de spéculer au sujet de la régularité des législatives en Russie, tout en appelant à attendre jusqu’à ce que soient publiés les résultats officiels et les avis d’observateurs. Alexandr Vondra, vice-Premier ministre pour les Affaires européennes est plus clair : « Le déroulement de la campagne électorale, les résultats et la répartition des forces qui s’ensuit de ces élections montrent que la Russie est loin d’être un pays libre et démocratique ». Le chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg insiste sur l’absence d’une quelconque surprise. Pour Jiri Paroubek, chef du Parti social-démocrate, dans l’opposition, « il faut que la représentation politique tchèque comprenne que la Russie est forte et qu’elle a un gouvernement fort ». En ce qui concerne le Château de Prague, il garde pour l’instant le silence, attendant selon le porte-parole présidentiel « les résultats officiels ». Vladimir Poutine a désormais une position plus forte que jamais, constate l’ensemble des journaux tchèques. Selon le quotidien Pravo, « les élections à la Douma peuvent être considérées comme une répétition générale avant l’élection du chef de l’Etat, en mars prochain ». Lidove noviny signale que le pouvoir dont dispose à présent Poutine ne peut être comparable qu’à celui que possédait, au début du XXe siècle, le tsar Nicolas II. Et de s’interroger si, pourtant, il ne connaîtra pas le même dénouement tragique. Le quotidien Mlada fronta dnes écrit que « la Russie, comme l’enseigne l’histoire, est un Etat instable et vulnérable, en dépit de l’image qu’il donne… et que, finalement, elle n’est pas encore un pays démocratique ».