Claude Miller prof d'un jour à la FAMU
Le festival du film français a commencé jeudi soir à Prague, en présence de Claude Miller. Le réalisateur français est venu montrer son dernier film, « Un secret » ; il s’est aussi transformé en professeur pour quelques heures en animant une « master class » à la FAMU, l’école de cinéma de Prague. Nous avons rencontré Claude Miller juste avant et lui avons d’abord demandé ce qu’était exactement une « master class » :
« Une master class, c’est surtout un jeu de questions-réponses. Les étudiants vont voir « Un secret » dans la matinée et aussitôt après je vais les rencontrer. Pendant un certain nombre d’heures je vais répondre à toutes les questions qui leur passent par la tête. Ce sont surtout des questions d’étudiants en cinéma, donc ils vont sûrement me poser des questions de mise en scène, des questions sur le scénario, sur la direction d’acteurs, sur l’état actuel du cinéma français, sur mes connaissances quant au cinéma tchèque. On va faire un grand tour d’horizon, j’espère qu’ils en sortiront enrichis et moi aussi. »
Je vous ai vu récemment dans le faux documentaire du comique français Michel Muller. Vous lui dîtes, au moment où il vient vous demander conseil, qu’ « il n’y a pas de méthode »... Alors qu’est-ce qu’on fait pendant une master class s’il n’y a pas de méthode ?
« Je disais le dialogue de Michel Muller (rires)... Ce n’était pas de l’improvisation. Je ne pense pas qu’il y ait de méthode d’une manière générale, mais j’ai la mienne, j’ai ma façon de travailler, et c’est celle-là dont je peux parler. Les étudiants, quand ils rencontrent comme ça des cinéastes, font leur marché : ils prennent ce qui les intéresse et laissent ce qui ne les intéresse pas, c’est à peu près toujours comme ça que ça se passe... »
Vous avez déjà fait ça beaucoup de fois ?
« Oui, il se trouve que depuis quelques temps déjà je suis président de la Fémis. J’ai travaillé à la Fémis dans les années 1995 en tant que directeur du département réalisation. J’aime beaucoup travailler avec des étudiants. Je pense que tous les métiers de cinéma - chef-opérateur, monteur, décorateur – peuvent s’apprendre dans une école. On peut sortir avec un bagage technique qui vous permet de savoir ce qu’est une cellule, un projecteur etc. Il y a un apprentissage qui peut se faire dans une école. La question est plus difficile à trancher en ce qui concerne les réalisateurs et les cinéastes. Ce qui ne s’apprend dans aucune école c’est le génie, le talent... Mais on peut alors se demander s’il faut qu’il y ait un conservatoire pour les musiciens, une école des beaux-arts pour les peintres, qu’est-ce qu’ils y apprennent ? On ne ‘fait’ pas des grands peintres ou des grands cinéastes, mais cela les aide aussi à exercer leur talent. Par exemple les cinéastes-réalisateurs à la Fémis font, pendant leurs quatre années d’études, sûrement dix fois plus de films que pendant les quatre ans qui suivent... C’est déjà pas mal, cela leur permet de se confronter à eux-mêmes en tant que cinéastes. Cette école devient à ce moment-là plus un atelier qu’une école. Eh bien pourquoi pas un atelier ? C’est déjà pas mal... »