Après avoir reçu, en février dernier, deux Oscars à Hollywood pour son film documentaire « Une vérité qui dérange », l'ancien vice-président américain Al Gore s'est vu décerner, vendredi, conjointement avec le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le prix Nobel de la paix pour sa campagne de sensibilisation aux dangers du réchauffement climatique. Un choix controversé qui n'a pas manqué de susciter une multitude de réactions un peu partout dans le monde, y compris en République tchèque, où son président Vaclav Klaus s'est déclaré « surpris ».
Al Gore, photo: CTK
On le sait, depuis quelque temps déjà, le président tchèque se veut un des leaders des opposants à la théorie selon laquelle les activités de l'homme seraient à l'origine du réchauffement de la planète. Un phénomène dont Vaclav Klaus n'hésite pas à mettre régulièrement en doute l'existence, comme en témoigne son intervention remarquée, fin septembre, lors d'une conférence exceptionnelle sur le thème au siège des Nations Unies.
Vaclav Klaus, photo: CTK
Même si, cette fois, il a bien précisé que ni lui ni personne n'avait à commenter la décision du comité Nobel d'Oslo, personne à Prague ne s'est cependant étonné que le chef de l'Etat ait tenu à faire part de son étonnement à l'annonce du lauréat. « Le président est quelque peu surpris qu'Al Gore ait reçu le prix pour la paix, car le rapport entre ses activités et la paix dans le monde est ambigu et flou, a ainsi fait savoir son porte-parole, Petr Hajek. Il semble plutôt que la mise en doute faite par Al Gore des principes de base de la civilisation contemporaine ne contribue pas vraiment à la paix. » Si Vaclav Klaus qualifie d'« erronées » les opinions du candidat à la Maison blanche en 2000 et les considère même comme une menace plus importante que le réchauffement climatique, sa position reste toutefois très isolée en République tchèque.
Vaclav Havel
Son prédécesseur au Château de Prague, Vaclav Havel, a ainsi estimé que le comité Nobel avait fait un choix « extrêmement heureux », car, s'est-il justifié, « il est dans l'intérêt du monde et de son avenir d'écouter de telles voix », sous-entendu allant dans le même sens que celle d'Al Gore. Le ministre de l'Environnement, Martin Bursik, dont les cheveux se dressent sur la tête lorsque Vaclav Klaus exprime son point de vue personnel sur le sujet, s'est, lui aussi, félicité du choix fait en Norvège, tout comme plus généralement les écologues tchèques. Selon le ministre et leader du Parti des Verts, le Giec, panel de l'ONU sur le climat, a mérité son prix pour les connaissances scientifiques et Al Gore pour avoir développé l'intérêt du public pour le réchauffement climatique et la nécessité de protéger l'environnement.
Et puis, tandis que certains rappellent que, déjà en 2004, une autre militante écologiste, la Kényane Wangari Maathai qui oeuvre pour la plantation d'arbres en Afrique, avait reçu le prix Nobel de la Paix, le quotidien économique Hospodarske noviny commente le choix d'Al Gore en affirmant que ceux à qui le prix Nobel ne plaît pas devraient mettre un demi-milliard de dollars sur la table et en fonder un nouveau, faisant ainsi remarquer que le Nobel est une fondation privée et que ce statut l'autorise à remettre ses prix à qui bon lui semble.