Le quotidien économique tchèque, Hospodarske noviny, est le plus virulent en ce qui concerne la critique de l'état de l'économie tchèque par l'Union européenne. Il titre « La Tchéquie présente la plus mauvaise économie de toute l'Union ». En est-il vraiment ainsi ?
Photo : Stepanka Budkova
Le ministre tchèque des Finances, Miroslav Kalousek, a vraiment fait figure de brebis galeuse, lundi, à la réunion des chefs des Finances des pays de l'Union européenne, à Bruxelles. Aucun autre de ses collègues n'a été autant critiqué. Pourquoi l'économie tchèque est-elle tant critiquée, alors que la Hongrie, par exemple, affiche un déficit budgétaire bien plus important ? Bruxelles reproche à Prague de ne pas avoir mis à profit la période de prospérité récente pour mettre de l'ordre dans les finances de l'Etat et pour réaliser des réformes de la sécurité sociale, de la santé et des retraites indispensables pour le bon fonctionnement de l'économie tchèque. L'Union européenne reproche aussi à la Tchéquie de ne pas avoir utilisé les recettes résultant de la croissance économique pour combler le déficit et de les avoir dépensées à d'autres fins. Et le plus important est la critique de Bruxelles concernant le Programme de convergence : les politiciens tchèques n'ont pas respecté leurs engagements de diminuer l'endettement de l'Etat. En effet, le déficit budgétaire ne devait pas dépasser les 3,3 %, alors que cette année il sera de plus de 4 % du PIB. La Hongrie affiche, certes, un déficit plus important, dans les 6,5 %, mais à la différence de la Tchéquie, elle accomplit exactement ce qu'elle à promis à l'Union européenne et applique de rigoureuses réformes. Pour cela, elle a été moins critiquée que la République tchèque. Et le ministre des Finances, Miroslav Kalousek ? Il a levé la main à Bruxelles pour reconnaître que la critique était raisonnable en précisant :
Miroslav Kalousek
« La formulation employée me fait plaisir. En réalité, c'est beaucoup plus simple. Soit le projet gouvernemental sera adopté et il sera possible d'élaborer un budget déficitaire de moins de 3 %, ou bien il ne sera pas adopté et ce ne sera pas possible ».
Petr Necas, photo: CTK
L'Union européenne n'a pas exprimé que des critiques. Pour la première fois, elle a aussi soutenu les réformes que le gouvernement de Mirek Topolanek tente d'imposer au Parlement. Le ministre du Travail et des Affaires sociales, Petr Necas, s'attendait à une telle critique, mais il affirme aussi qu'il est possible de réduire le déficit budgétaire en dessous de 3 % :
« C'est possible, seulement si le projet gouvernemental de stabilisation des finances publiques est adopté. La position de l'Union européenne n'est pas une grande surprise. Elle démontre que ceux qui affirment que les réformes ne sont pas indispensables, se trompent profondément. »
A ce propos, il est bon de rappeler que les pays qui ont déjà adopté l'euro, se sont engagés à avoir des budgets équilibrés d'ici à 2010. Si la Tchéquie veut faire partie de la zone euro en 2010 justement, elle doit absolument équilibrer son budget.