Conférence internationale à Prague pour le 30e anniversaire de la Charte 77
Jeudi et vendredi se tenait à Prague une conférence internationale à l'occasion du trentième anniversaire de la Charte 77, document clé de la dissidence tchécoslovaque sous le régime communiste « normalisé ». La conférence, retransmise en direct à la télévision, se déroulait à la faculté philosophique de l'Université, co-organisatrice de l'événement avec le Musée national, l'Institut d'histoire contemporaine et le centre de documentation tchécoslovaque. Jacques Rupnik, politologue français d'origine tchèque était l'un des animateurs de la conférence.
Que siginifie pour vous à titre personnel la Charte 77 ?
« A titre personnel, ça veut dire la possibilité de renouer avec Prague après de longues années, la possibilité aussi de peut-être se rendre utile en aidant à expliquer l'importance de ce que la Charte représentait. Et puis aussi ce sont des liens nouveaux avec des gens que je ne connaissais pas avec qui nous avons correspondu et échangé des textes. C'est un engagement personnel qui rejoint une tentative de créer une opinion publique européenne. Le dialogue transeuropéen, dont on a parlé à cette conférence, je pense que c'est quelquechose que j'ai connu de près et auquel j'ai participé. »
Je viens de parler à des étudiants qui ont assisté à cette conférence - qui est l'une des rares manifestions avec celle que vous avez organisé à Paris avec l'ambassade tchèque et le CERI - et pour qui c'est important d'être là aujourd'hui et de célébrer ce trentième anniversaire. C'est important pour vous d'expliquer ce qu'est l'héritage de la Charte 77 ?
« C'est important si l'on veut éviter que la Charte ne soit qu'un musée, quelque chose qu'on range dans les archives et qu'on laisse à quelques spécialistes seulement. Il y a toute une richesse d'événements dans la Charte et dans l'opposition à l'ancien régime et qui expliquent beaucoup de choses sur la suite. Donc il y a une interrogation non pas seulement sur qui a fait quoi à tel moment mais plutôt sur la signification de tout ça, quel est l'héritage de la Charte. Les idées de défense des Droits de l'homme, de la société civile qui s'auto-organise, d'une démocratie citoyenne, de la responsabilité... Tout ça c'était des idées fondatrices de la Charte. Est-ce que cela a encore un sens dans le contexte de l'après-communisme, dans les démocraties fatiguées d'aujourd'hui ? Ce sont les vraies questions pour la nouvelle génération et évidemment il n'y a pas une lecture ou une seule réponse à ça, et tant que ces questions feront débat, on pourra dire que l'héritage de la Charte n'est pas mort et qu'il mérite d'être revisité. »