Collaboration des prêtres avec la StB : l'Eglise catholique tchèque veut créer une commission de lustration
Peu de temps après le scandale qui a secoué la Pologne, l'Eglise catholique tchèque entend faire à son tour la lumière sur le passé des prêtres qui ont collaboré avec la Sécurité d'Etat (StB) de l'ancienne Tchécoslovaquie communiste. Récemment, à l'issue de la Conférence épiscopale, le cardinal Miloslav Vlk a ainsi proposé qu'une commission baptisée « Otevrena minulost » - « Passé ouvert », soit créée.
« Je suis venu ici car j'aimerais me faire une idée plus complète de la situation réelle à l'époque et approfondir les recherches dans certains cas, a précisé le cardinal. J'ai avec moi une liste de plus de quarante personnes que j'ai rencontrées dans les années 90 et qui m'ont avoué leur collaboration. Aucune d'entre elles ne s'est toutefois exprimée publiquement et c'est pourquoi je me suis excusé en leur nom. D'un autre côté, tout le monde ne peut pas être un héros. Les méthodes de harcèlement de la StB pour parvenir à ses fins étaient très dures et certains ont cédé à la pression. C'est aussi la raison pour laquelle il convient de s'efforcer de porter un jugement le plus objectif possible sur les circonstances dans lesquelles certains prêtres ont été amenés à collaborer, sur le travail qu'ils ont ensuite effectué et établir s'ils ont fait du tort à quelqu'un. »
L'idée de Miloslav Vlk est donc de mettre sur pied un groupe de travail où représentants de l'Eglise et chercheurs du ministère de l'Intérieur s'échangeraient des informations manquantes à l'une ou l'autre partie. Une initiative à laquelle est favorable Pavel Zacek, directeur des archives du ministère. « Cette commission se consacrera aux relations entre l'Eglise et la police secrète, a-t-il expliqué. Je pense qu'il est nécessaire d'unir nos forces, car bien que nous disposions d'un nombre important de documents, nous avons besoin de connaître l'histoire de l'Eglise et de certains de ses membres. Cela est important pour comprendre le contexte dans lequel la StB est parvenue à obtenir la collaboration des prêtres. »En Pologne voisine, début janvier, Stanislaw Wielgus, fraîchement nommé archevêque de Varsovie, avait été contraint de démissionner après avoir reconnu avoir collaboré avec l'ancienne police politique communiste. Une affaire qui avait remué l'opinion publique polonaise et entraîné la mise en place d'une commission semblable à celle que le cardinal Vlk souhaite voir se créer aujourd'hui en République tchèque.