Courrier des auditeurs
« Je suis français et ai enseigné l'histoire durant 42 ans. Il y a longtemps que je voulais vous faire part de mon témoignage et de l'admiration que j'ai pour votre pays. J'annonce tout de suite que je n'ai pas grandi dans une famille qui vouait au communisme un amour particulier, bien au contraire! »
« En 1968, j'étais étudiant en droit et en histoire. J'avais déjà, très jeune (j'avais 10 ans et m'en souviens comme si c'était hier) très marqué par la révolution hongroise menée par des jeunes qui avaient mon âge. Par la suite, dans ma vie de professeur, j'ai eu la joie de côtoyer, dans un établissement scolaire où j'enseignais, un acteur de cette révolution, réfugié chez nous et qui était l'auteur d'un livre remarquable "les briques".
En 1968, donc, jeune homme, très intéressé par la politique et les événements mondiaux, je me suis passionné pour ce qui était déjà appelé "le Printemps de Prague". Heure après heure et jour après jour je suivais, à la radio française et le soir sur les "ondes courtes" les événements qui se déroulaient dans votre pays. C'était, à ce moment-là, quelque chose d'irréel : nous connaissions, en France, une situation insurrectionnelle avec des étudiants et ouvriers fascinés par le communisme et le maoïsme. Ils rêvaient (les imbéciles!) d'un régime comme vous le connaissiez et vous, vous luttiez (pour oublier les tristes GOTTWALD et autre NOVOTNY), à ce moment là, derrière A. DUBCEK, le général SWOBODA, I. SVITAK, SMRKOVSKY etc.. etc... sans oublier les grands ancêtres et pères de la la démocratie en Tchécoslovaquie que sont BENES, MAZARYK et aussi le général STEFANIK.
Ici, dans mon pays j'étais révolté. Je disais que l'on pouvait remplir des avions pour envoyer ... Là-bas nos "révolutionnaires" et accueillir chez nous vos étudiants assoiffés de liberté! Une chose est certaine, durant tout l'été, j'écoutais, tous les soirs, sur les ondes courtes les radios étudiantes tchèques qui émettaient en français. Et puis, peu à peu, elles se sont tues les unes après les autres devant l'avancée des troupes soviétiques. Tous ces instants sont encore si présents dans ma mémoire.
Je n'ai pu, à ce moment-là, m'empêcher d'écrire à l'Ambassade de France à Prague pour exprimer mon indignation. Ma surprise a été, quelques semaines plus tard, de recevoir une lettre d'une jeune étudiante Tchèque : Véra. Elle me disait avoir lu ma lettre à l'ambassade. Elle m'exprimait sa sympathie. Nous avons longtemps correspondu. Elle s'est mariée et, finalement, dans des conditions invraisemblables, a fui le régime avec son mari et ses enfants dont le dernier était tout bébé. Ils ont trouvé refuge en Allemagne. Je l'ai rencontrée en Allemagne puis elle m'a rendu visite en France, il y a une quinzaine d'années. Je regrette aujourd'hui beaucoup d'avoir perdu sa trace. Si vous pouviez m'aider, éventuellement, à la retrouver ce serait pour moi une JOIE phénoménale et un BONHEUR fantastique. Son nom de femme mariée est "EDER" (Ederova chez vous).
Passons sur ce point personnel. En janvier 1969 mon émotion a monté encore plus à l'annonce du martyre de "Jan PALACH". Et votre pays est retombé, pour 20 ans, dans les ténèbres et sous la dictature.
Je suis devenu professeur d'Histoire et les programmes m'ont amené à enseigner l'Histoire immédiate. Ici, le communisme était présenté comme un régime idéal alors que l'on en connaissait tous les crimes commis en Russie, en Ukraine, en Chine et partout où il s'était installé. JAMAIS dans mes cours je n'ai suivi cette ligne. J'ai toujours dit et enseigné qu'un tel régime qui ne s'appuyait et durait que par la terreur et les armes ne pouvait qu'un jour ou l'autre s'effondrer. Il arrive toujours, dans les dictatures, qu'un jour "la peur ne fait plus peur à la peur" et tout s'effondre devant la volonté des peuples. Vous avez connu la révolution de velours avec ces hommes admirables que sont V. HAVEL (un très grand homme) et A. DUBCEK, qui aurait certainement fait perdurer la Tchécoslovaquie. Ces soirées de Prague ont été, pour moi, inoubliables et représentaient une revanche fantastique avec le retour des artisans et acteurs du Printemps de Prague.
Enfin, durant mes cours j'ai toujours présenté J. Palach comme un modèle et un héros de la liberté à mes élèves. Je leur ai montré 2 films dont je dispose et que vous devez connaître. Un film clandestin qui le montre sur son lit des souffrance et un film, diffusé, après la chute du régime avec les témoignages de ceux qui ont accompagné son agonie.
J'ai eu la chance, dans les années 80, de visiter Prague et ses environs. J'en ai gardé un souvenir inoubliable. C'est une des plus belles villes d'Europe et j'espère, un jour, avoir les moyens d'y retourner un peu plus longuement et surtout, cette fois-ci, de pouvoir me recueillir et déposer des fleurs, avec un mot : "un français qui n'oublie pas", sur la tombe de J. Palach (ce que je n'avais pu faire à l'époque ... régime oblige!).
Voilà un tout petit témoignage d'un ex-professeur français en Histoire qui est à la retraite mais qui n'oublie pas que votre pays est un grand pays de culture, un grand exemple de résistance et de démocratie.
Louis-Renaud GUITARD
71340 - CENAY-le-CHATEL
(France)
"La nouvelle que vous avez diffusée lors de la rubrique « le week end sportif » de lundi, n'a fait que confirmer mes craintes et m'a remplie de tristesse.
Vous annoncez que lors du meeting du Décastar à Talence, Tomas Dvorak avait certainement fait là son dernier décathlon.
Depuis onze années, je suis un spectateur attentif de cette épreuve et j'ai pu admirer les performances et la montée en puissance de votre grand décathlonien.
Etant samedi et dimanche sur le stade, j'ai essentiellement consacré mon temps à photographier Tomas et Roman sur toutes les épreuves et une fois de plus, j'ai apprécié les grandes qualités humaines de Tomas : engagement, travail, ténacité, respect et surtout encouragements et conseils envers les autres athlètes.
Lors de la dernière épreuve, le 1500 m, il a servi de « lièvre » à Roman qui était menacé pour la 3ème place.
Vous annoncez qu'il pourrait désormais entraîner de jeunes décathloniens et je suis certain que toutes les qualités qu'il a pu développer lui permettront de réussir dans cette nouvelle tâche.
Encore un grand merci à cet athlète de haut niveau qui a porté haut les couleurs de votre pays et qui a mérité le respect de tous : ahoj Tomas et à bientôt à Talence comme entraîneur."
2 photos de Tomas qui avait l'air triste et pensif :
la 1 au moment du disque et la 2 après le concours du javelot, l'avant dernière épreuve, où il termine 1er à son 1er essai.
Hervé Brien
33400 TALENCE
Je vous adresse - avec un peu de retard - mon rapport d'écoute pour l'émission du 31/08.
Lors de mon passage à Prague, j'ai cherché sans succès le mémorial dédié à Jan Palach. Où se trouve-t-il ? Dans le haut de la place Venceslas ? J'ai demandé à des passants, mais ils ne connaissaient pas ce monument.
Jean-Michel AUBIER
18340 ARCAY
FRANCE
Réponse: le monument dédié à Jan Palach est bien en haut de la Place Venceslas, devant le musée.