La Tchéquie et les risques des exportations d'armes
Les exportations tchèques d'armes sont en ce moment dans le point de mire d'Amnesty International. La production et l'exportation d'armes prospéraient en Tchécoslovaquie déjà sous le régime communiste. Après la chute du régime, cette branche industrielle s'est heurtée à des embargos de l'Union européenne et de l'OTAN qui n'autorisaient pas ce genre de transactions avec les Etats totalitaires et les régions où les armes pourraient tomber entre les mains des terroristes.
Ces dernières années, les exportations d'armes tchèques ont toujours tendance à diminuer. En 2005, les exportations d'armes et de matériel militaire ont baissé de quelque 20 % par rapport à l'année précédente, de 3 milliards 800 millions de couronnes (quelque 126 millions d'euros) à 2 milliards 800 millions de couronnes (93 millions d'euros). Le chef de l'Association de l'industrie de la défense tchèque, Jiri Hynek, ne voit pas cependant dans cette évolution rien de dramatique.
« Ce n'est pas difficile à expliquer. On a suspendu les exportations vers l'Inde de la société Tatra, un exportateur important. En Inde on avait procédé à un changement de réglementation et on a hésité pendant un temps avant d'adopter de nouveaux règlements. Ce blocage qui a duré pendant une année, s'est reflété négativement sur les exportations. Néanmoins, cette année Tatra reprend ses livraisons pour l'Inde qui augmenteront encore l'année prochaine. Il ne s'agit donc que d'un retard.»
Les producteurs d'armes tchèques se plaignent d'obstacles bureaucratiques qui compliquent les exportations de leurs articles. Selon Jiri Hynek, de tels obstacles sont désagréables et fréquents :
« Rien que sur la période que j'ai en mémoire, on pourrait écrire tout un livre sur les interdictions d'exportations qui allaient se révéler plus tard comme insensées. A titre d'exemple, nous avons interdit les exportations vers la Syrie des sièges autopropulseurs pour les avions L-39, avions livrés à ce pays déjà auparavant. Il faut dire dans ce contexte que des pays de l'Union européenne, la France, l'Italie, l'Allemagne, la Grande Bretagne, exportent aujourd'hui couramment vers la Syrie. Cette petite transaction non réalisée et pratiquement sans importance en elle-même, a beaucoup nui aux exportations de l'avion L-39 vers d'autres pays, car elle a été à l'origine de l'information que la Tchéquie n'observait pas les garanties de livraisons de pièces de rechange. Et on pourrait citer beaucoup d'autres exemples de ce genre.»
D'après Jiri Hynek à l'époque actuelle la République tchèque observe strictement tous les embargos de l'Union européenne et l'ONU sur les exportations d'armes A son avis, d'ailleurs, la structure des exportations tchèques est telle qu'elles ne présentent pas de risque pour la sécurité, car Jiri Hynek estime que de nombreux articles désignés comme matériel militaire ne devraient pas être classés dans cette catégorie.