Robert Richter du Festival de San Sebastian : « Un bon film, c'est comme une rencontre avec quelqu'un que j'ai envie de connaître »
Vous écoutez la musique de la grosse co-production tchèque, slovaque, britannique et hongroise « Bathory », tournée en ce moment par Juraj Jakubisko - un des films en préparation qui ont été présentés par leurs producteurs au festival du cinéma tchèque « Finale », la Finale, à Plzen.
« En effet, j'ai vu le film pour la première fois ici, à Plzen. Le film n'était pas présenté officiellement, mais le Centre du film tchèque a organisé des projections 'privées'. Ils n'ont invité que moi et mon collègue du festival de Venise. J'ai beaucoup aimé le film, j'ai déjà vu Wild Bees, le premier film de Bohdan Slama. J'ai fortement défendu Stesti auprès de mes collègues de San Sebastian, qui l'ont apprécié, eux aussi. Je sais que Venise était aussi intéressé par le film, mais je ne connais pas les détails... Nous avons réussi à rester en contact avec les producteurs et ils ont, finalement, choisi notre festival. »
Quel est le côté de ce film que vous avez particulièrement apprécié ?
« Au fond, Stesti est une tragédie, mais traitée d'une manière très souple, avec beaucoup de détails, d'humour et d'amour pour les personnages qui ne savent pas que faire leurs vies. Je me souviens que lorsque nous avons organisé un dîner, après la cérémonie de clôture, Anjelica Huston qui présidait le jury de notre festival, est allée voir Bohdan Slama pour lui dire combien elle avait été touchée par son film. Personnellement, et là, je vous parle en tant que spectateur, j'aime bien des films qui sont étroitement liés à la société, la culture, bref, le pays d'origine du réalisateur. Un bon film, pour moi, c'est comme une rencontre avec quelqu'un que je vois pour la première fois et que j'ai envie de connaître. »Le film « Stesti », qui met donc en scène trois jeunes Tchèques, vivant dans une région industrielle du pays, serait-il représentatif pour le cinéma contemporain en Europe centrale ? Robert Richter :
« Il est difficile de parler du cinéma tchèque ou du cinéma polonais, par exemple, parce qu'on risque de répéter des clichés. Les Tchèques, c'est qui, en fait ? Des hommes et des femmes. Les Allemands ou les Suisses aussi. Côté cinéma, il existe plein de clichés en Europe. Quand je vois qu'un film allemand est sélectionné à Cannes, je peux déjà m'imaginer quel type de film m'attend. Je peux me tromper, bien sûr, mais c'est rare. A Cannes, spécialement, ils ont des idées toutes faites sur le 'bon' cinéma allemand, tchèque, norvégien... Et c'est encore plus marquant lorsqu'on sort de l'Europe. Depuis vingt ans, je me spécialise dans le cinéma iranien et je sais ce que les professionnels européens, les acheteurs, les distributeurs, attendent de ces films. Il y a de très bons films en Iran qui ne répondent pas à leurs critères et sont donc considérés, à tort, comme peu intéressants. »