Réactions d'étudiants tchèques au blocage des universités françaises
Le CPE cristallise les tensions sociales dans l'Hexagone depuis plusieurs semaines. Vue de République tchèque, la situation en France est souvent incompréhensible, et beaucoup de Tchèques interrogent les Français expatriés pour essayer d'obtenir plus d'explications que les images d'universités bloquées, d'imposantes manifestations et de voitures brûlées montrées par les médias.
« Le blocage a commencé fin février. Au début, je crois que c'était un bon moyen pour que les jeunes obtiennent ce qu'ils veulent. D'autant qu'au premier semestre on a fait la grève contre les prestations pédagogiques - une invention de notre université qui a empêché les gens qui n'avaient pas la moyenne d'étudier dans de bonnes conditions - donc c'était vraiment bien...
Donc une grève au premier semestre et un deuxième semestre qui paraît bien mal entamé. Est-ce une année d'étude perdue pour toi ?
« On ne sait pas pour l'instant... Ce qui me gêne, dans la situation actuelle, est qu'on ne sait pas combien de temps cela va durer. Les deux parties - les gens qui protestent et le gouvernement - ne communiquent absolument pas. Du coup, on ne sait pas combien de temps cela va durer et si on va perdre notre année ou non. »
En tant que Tchèque, cette situation te paraît inconcevable, incompréhensible ?
« Non, ça me paraît compréhensible. En fait, au début j'étais impressionnée parce que je crois que les Tchèques ont un peu une nature de moutons ; chez nous le gouvernement fait quelque chose et les Tchèques disent 'ça nous plaît pas mais qu'est-ce-qu'on peut faire ?'. Donc au début c'était bien, mais maintenant je vois l'autre côté : en France, ils ne sont pas capables de discuter de quelque chose, les deux parties ne se parlent pas... En fait, c'est la même chose, chez nous non plus on ne parle pas, sauf que chez nous la vie ne s'arrête pas... »Comment ça se passe pour ceux qui viennent d'arriver pour un semestre et qui voient qu'il n'y a pas d'espoir d'avoir des cours et des examens normaux ?
« Ils sont étonnés. Déjà, je crois que le système universitaire français est très différent du système tchèque. Cela veut dire que depuis le début ils sont un peu dégoûtés du système, qui correspond en gros à notre système de lycée. En plus, avec la grève ça leur donne une image d'un pays qui ne fait rien, d'un pays de fainéants... Ce n'est pas mon opinion mais j'ai cette impression. »