Trois ans déjà depuis la répression contre les dissidents cubains : une cellule de prisonnier au coeur de Prague pour le rappeler
On souhaiterait ne pas être obligé d'en parler, car cela signifierait peut-être une bonne nouvelle pour les droits de l'homme sur l'île de Cuba. Pourtant, ce 17 mars, c'est déjà la troisième année que des personnalités tchèques, du monde intellectuel, politique et artistique, se font volontairement enfermer symboliquement dans une cellule de prisonnier.
« Nous avons vis-à-vis de Cuba de bonnes relations. Nous avons même proposé une aide humanitaire après l'ouragan Vilma, nous sommes prêts à collaborer. Seulement, la faute est dans l'autre camp. Ce n'est pas que nous ayons de mauvaises relations, elles sont très bonnes et nous les voulons telles, mais c'est Fidel Castro qui n'est pas intéressé. Les vrais bons amis sont capables de discuter aussi de choses désagréables, de la situation des droits de l'homme, des persécutions et des emprisonnements. C'est Fidel Castro qui ne veut pas en parler. Allez donc lui demander, à lui, pourquoi les relations sont mauvaises, pas à nous. De notre côté, elles sont très bonnes. »
Freddy Valverde est journaliste à la rédaction espagnole de RP, et s'est lui-même rendu plusieurs fois à Cuba. Des 75 dissidents enfermés manu militari lors de ce que l'on appelle « le printemps noir de Cuba », certains comme Raul Rivero ont été libérés l'an dernier, officiellement pour raisons de santé : il eut été en effet fort peu flatteur pour l'image du régime castriste à l'étranger de se retrouver avec des cadavres sur les bras. A l'heure actuelle, la répression ne fait que s'amplifier, d'après Freddy Valverde, au point qu'un groupe d'opposants vient d'entamer une grève de la faim :
« Il s'agit de prisonniers, mais aussi de gens qui font partie du mouvement contre le régime castriste, des dissidents : par exemple dans la province de Santa-Clara, Guillermo Farinas, un journaliste indépendant a décidé de faire la grève de la faim pour protester contre le fait que les Cubains n'ont pas accès à Internet. Il y a un groupe de journalistes là-bas qui informe des insuffisances : problèmes d'eau, de nourriture, corruption etc... Et le régime enferme ces gens car ils disent la vérité. Et la version officielle ? A Cuba, tout va bien, bien sûr, c'est le paradis sur terre ! »
Et qu'en est-il des réactions au niveau européen sur cette grève de la faim ? Des réactions individuelles, selon notre collègue, mais pas de prise de position officielle, contrairement à la République tchèque, qui, rappelons-le, maintient une politique étrangère de fermeté vis-à-vis de Cuba, et n'entend pas faire de compromis sur les droits de l'homme. La République tchèque est en cela quelque peu en minorité depuis que le gouvernement socialiste de Jose Luis Zapatero est au pouvoir en Espagne ; celui-ci a, en effet, infléchi la position européenne, vers un peu moins de sévérité vis-à-vis de Cuba. Ce vendredi, Cyril Svoboda a lui-même symboliquement illustré la ligne officielle tchèque en se laissant enfermer dans la cellule de fer installée sur la place Venceslas.Jeudi, une manifestation pacifique a également eu lieu devant l'ambassade cubaine à Prague, et une lettre ouverte demandant la libération des dissidents a été lue à cette occasion. Samedi, un autre cortège devrait partir de la place Venceslas, hommage aux « Dames en blanc » de Cuba, ces femmes de dissidents qui protestent contre les condamnations de leurs compagnons.