Epargner l'énergie
De l'impact de la crise du gaz en République tchèque au projet écologique et économique de bureaux à Prague, nous abordons deux thèmes d'actualité, liés par un enjeu pour le futur de la planète : celui de l'épargne des ressources naturelles de la planète.
Les chocs après-coup de la Russie coupant les réserves de gaz à l'Ukraine semblent ne pas avoir concerné la République tchèque. Le pays fait figure d'exception quand on sait que ses voisins, et d'abord la Hongrie, ont été touchés de plein fouet par cette mini-crise.
"Jusqu'à présent, nous recevons toutes les livraisons tel que convenu", a précisé Ulrich Jobs, représentant de RWE Transgas, qui distribue le gaz naturel en République tchèque. Il ajoute, réaliste : " Bien sûr, on est jamais sûr du futur, mais pour le moment, tout se passe bien."
Le géant russe Gazprom, qui contrôle un quart de la fourniture mondiale de gaz naturel, a suspendu ses fournitures de gaz à l'Ukraine le 1er janvier dernier, à la suite d'un désaccord de Kiev sur l'augmentation des prix russes. Le 3 janvier, la livraison de gaz était à nouveau assurée et l'Europe, qui avait retenu son souffle, respirait à nouveau. A la base de la crise, la décision de la Russie de faire passer ses prix pour l'Ukraine de 50 à 230 dollars par m3 de gaz. Les pays de l'Union européenne paient en moyenne 240 dollars pour la même qualité. La Russie souhaite donc aligner ses prix sur les standards occidentaux. Devant le refus de l'Ukraine, elle a fermé, le 1er janvier dernier, ses vannes. Or, l'Ukraine est un pays essentiel pour l'approvisionnement de toute l'Europe : 80 % du gaz vendu aux pays de l'UE par les Russes passe par ce pays. Le lendemain, la Pologne, la Hongrie, l'Autriche et la Slovaquie affirmaient que leur livraison en gaz avait baissé de 40 % dans les pipelines traversant l'Ukraine. La Russie affirmait ainsi que l'Ukraine volait du gaz aux autres pays.
La République tchèque depend largement de l'importation pour les 9,5 billions de m3 qu'elle consomme chaque année. Le pays ne crée en effet que 1 % de son gaz domestique naturel. En outre, deux-tiers de ses fournitures viennent de Russie, le reste provenant de la Norvège.
Plus de 2 millions de ménages tchèques utilisent le gaz naturel et ce chiffre est en augmentation de 3 % chaque année. RWE Transgaz affirme pour sa part que 20 % de l'énergie nationale vient du gaz naturel. Pour Ulrich Jobs, représentant de RWE Transgas, le prix de la livraison du gaz naturel ne devrait pas augmenter tout de suite. Selon lui, les contrats que la République tchèque a noués avec ses partenaires incluent aussi des clauses de flexibilité et d'adaptabilité. Bon à savoir en cas de crise : le pays possède environ 2 billions de m3 de gaz naturel, ce qui lui permettrait de tenir six mois !
On le voit, l'énergie de la planète n'est pas indéfinie. C'est d'ailleurs l'un des grands enjeux de demain et l'épargne énergétique fait partie du programme de Kyoto. Voilà l'occasion de se pencher maintenant sur un projet immobilier à Prague, dont l'originalité est de mêler écologie et économie.
La société de construction Europolis Invest avait déjà attiré l'attention internationale lorsque, il y a deux ans, elle dévoila sa Maison du Danube. Celle-ci fait partie du projet dit des « Bureaux de la Rivière de Prague ». Avec la Maison du Nil, qui a ouvert récemment ses portes dans le huitième arrondissement de Prague, près de Karlin et en bordure de la Vltava, Europolis a suivi un concept original : celui de l'épargne énergétique.
Les édifices de bureaux sont les plus grands consommateurs d'énergie et les architectes de la Maison du Nil ont pris un soin particulier à créer des formes et une lumière rentables en terme de coûts. Avec ses larges façades vitrées et son intérieur aéré, l'édifice se cache peu du monde extérieur. De sa structure squelettique viennent d'ailleurs ses avantages économiques et écologiques. Le bâtiment ne possède pas de systèmes de chauffage ou de climatisation. Les tours d'aspiration, situées le long de la rivière, prennent de l'air, qui est ensuite nettoyé puis distribué à tous les étages. Lorsque l'air remonte, il prend avec lui l'excès de chaleur et la pollution qui s'évacuent tout en haut de l'édifice. L'air est changé quatre fois par heure alors que, dans le système traditionnel de climatisation, il n'est changé que deux fois par heure.
Et puis la Maison du Nil renouvelle aussi une partie de son énergie, par la chaleur naturelle des employés, par exemple. Même les ordinateurs sont mis à contribution pour réchauffer l'édifice.
Celui-ci offre également assez de lumière, durant les heures de travail, pour réduire les besoins en lumière artificielle. Au final, les concepteurs du bâtiment comptent épargner 50 % des coûts énergétiques. Les directives de l'Union européenne, qui a signé le protocole de Kyoto, vont aussi dans le sens de ces projets. Elles préconisent de nouveaux standards pour la consommation énergétique et l'impact environnemental. Selon une consultante en immobilier, ces directives mettront une certaine pression sur de nombreux immeubles en République tchèque.