Le Paradis de Bohême est devenu le 25e géoparc européen

Château de Trosky, photo: CzechTourism
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Aujourd'hui, nous nous rendrons à 90 kilomètres au nord-est de Prague, à la découverte de la région au nom poétique de Cesky Raj - le Paradis de Bohême. Ce nom a été inventé vers 1870 par des écrivains et patriotes tchèques, enchantés par les beautés de la région découvertes lors de leurs séjours dans la ville d'eau de Sedmihorky. Le Paradis de Bohême vient d'être classé par l'UNESCO au nombre des 25 géoparcs européens. Dans les nouveaux pays de l'UE, il est le premier à avoir répondu aux critères requis pour prétendre au statut de géosite.

Château de Trosky,  photo: CzechTourism
Le Paradis de Bohême a été la première région classée Réserve naturelle du pays, il y a de cela tout juste 50 ans. Il se distingue par des rochers de grès et des cônes de basalte, de formes romantiques, surnommés villes rocheuses, mais aussi par ses châteaux et des ruines de châteaux dont les murailles de pierre s'insèrent dans les parois rocheuses. Les plus connus sont Kost, Valdstejn, Hruba Skala, Frydstejn. La dominante la plus typique sans laquelle Cesky raj serait comme Paris sans la tour Eiffel est la ruine du château gothique de Trosky érigé au sommet de deux bouches volcaniques, dont seules deux tours surnommées la Vieille et la Jeune fille ont été sauvegardées. Mais le Paradis de Bohême, ce sont encore d'autres particularités naturelles et notamment les lieux de trouvailles de pierres précieuses. Le versant sud du mont Kozakov en est le plus riche et les visiteurs peuvent, encore aujourd'hui, tenter leur chance. Le massif du Paradis de Bohême a commencé à se former il y a de cela plusieurs millions d'années, comme l'explique le docteur Tomas Ridkosil, géologue au musée régional de Turnov, chef-lieu de la région :

Tomas Ridkosil
« L'origine des roches de Cesky raj remonte au Crétacé. Une mer peu profonde, d'une centaine de mètres, recouvrait alors une grande partie de la Bohême et des pays voisins, la Pologne et la Saxe. Non loin de Turnov se trouvait l'île dite des Sudètes occidentales depuis laquelle un matériel formé de graines quartzifères fut emporté par l'eau, avec d'autres minerais. Plus tard, lorsque la mer a reculé, les sables au fond de la mer ont commencé à se consolider et à former le grès. C'est le début de la formation de ce qu'on appelle les villes rocheuses. Il ne s'agit pas de sites habités, bien que l'homme y ait vécu dès l'âge de pierre, mais de rochers qui prennent des formes caractéristiques - celles de tours, corniches, portes, fenêtres, ponts, etc. »

'Drabske svetnicky'
Les villes rocheuses du Paradis de Bohême sont au nombre de douze. La plus connue est celle de Skalak. Elle est formée de plus de 400 tours de grès qui atteignent une hauteur de 55 mètres. Chacune de ces villes a ses particularités. Il y a, par exemple, le massif qui s'appelle la Main du diable, avec des vestiges d'un oppidum. A l'endroit dénommé le Sahara, on trouve des tours solitaires qui sont recherchées par les amateurs d'escalade. Il y a aussi un labyrinthe de couloirs souterrains et de nombreuses grottes, dont la plus connue est celle de « Drabske svetnicky », sorte de petites maisons creusées dans le grès et habitées, dans le passé, par les malandrins. Certaines tours sont facilement accessibles et offrent des vues magnifiques sur la région. Un sentier touristique dit d'or passe par le massif. Plusieurs transgressions, volcanismes et autres phénomènes géologiques ont influé sur l'aspect actuel du Paradis de Bohême, dit le docteur Ridkosil :

« La première activité volcanique, il y a environ 280 millions d'années, a donné à la région les pierres précieuses qui font sa réputation : olivines, agates, jaspes, améthystes, citrines, cristaux et grenades qui ont attiré l'attention de l'homme et qui ornent jusqu'à aujourd'hui les collections d'art et les bijoux fabriqués dans la région. »

Revenons à l'inscription du Paradis de Bohême au réseau de géoparcs européens. Quel a été son processus, selon quels critères celui-ci s'est-il effectué ? On écoute le géologue du musée de Turnov :

« Tout d'abord, la République tchèque a présenté une demande d'inscription sur la liste du patrimoine culturel mondial. Durant la procédure, qui est relativement longue et exigeante, l'inspecteur de l'UNESCO a recommandé de réévaluer la candidature au profit d'une nouvelle catégorie de géosites ayant pour but de conserver le patrimoine géologique. L'idée de créer les géoparcs a vu le jour en 2001, à l'initiative de quatre parcs européens : la Réserve Géologique de Haute-Provence en France, la Forêt pétrifiée de l'île de Lesbos en Grèce, le parc européen de Vulkaneifel en Allemagne et le parc culturel du Maestrazgo en Espagne. La candidature tchèque a été examinée lors de la première session de l'UNESCO sur les géoparcs, en 2004, en Chine. Pour ce qui est des critères, le géoparc est un territoire sur lequel se trouve plus d'un objet de valeur géologique européenne ou mondiale. Or, il ne s'agit pas que de géologie, mais de l'utilisation de ces parcs pour l'éducation du grand public, pour le développement du géotourisme et en même temps comme instrument du développement durable. Car le premier objectif des géoparcs européens est la conservation du patrimoine géologique pour les générations futures. Le géoparc de Cesky raj répond parfaitement à ces objectifs. S'étendant sur une superficie de presque 700 km2, il peut offrir non seulement des curiosités géologiques, minéralogiques, paléontologiques, mais aussi archéologiques. Un des grands avantages de Cesky raj, c'est que sur une surface relativement restreinte et concentrée, il y a une accumulation de phénomènes géologiques qui illustrent l'évolution du massif de Bohême. Tous ces phénomènes ont contribué à ce que la nouvelle institution appelée le géoparc puisse se développer ici. La candidature a été acceptée, et le 5 octobre dernier, le Paradis de Bohême a été inscrit au réseau des 25 géoparcs européens de l'UNESCO. »


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